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Barren
Womb
The Sun’s Not Yellow, It's Chicken – LP
Spartan records 2014
J’ai
bien failli succomber aux sirènes tentatrices de la chronique de
disque de l’immédiat après concert : rédiger
derechef des mots d’amour enflammés au sujet d’un groupe
qui a fait trembler mon petit corps chétif et ému mon gros
cœur de vieux singe lors d’une prestation live chargée
en sueur et en énergie, dans la cave d’un bar lyonnais. Rien
que ça. Mais je me connais… j’aurais avant tout fait
l’éloge de ce concert et non pas de The Sun’s Not
Yellow, It's Chicken, le premier véritable et enthousiasmant
album de Barren Womb – un album que je me suis empressé d’acquérir,
une fois remonté à l’air libre. Comme je suis raisonnable
et réfléchi, j’ai donc laborieusement laissé
passer une petite douzaine de jours, tentant d’espacer de plus en
plus les écoutes de The Sun’s Not Yellow, It's Chicken
mais y revenant quand même à chaque fois que je me demandais
quel disque écouter. Maintenant va bien falloir que je me lance
et que je la torche, cette putain de chronique.
La grande réussite et la grande force de cet LP est qu’il
ne ment jamais c’est-à-dire que The Sun’s Not Yellow,
It's Chicken est un album simple, basique, direct, rock, punk, brut,
braillard et surtout immédiat, jovial, adolescent, communicatif,
exubérant, chargé d’humour et bienfaisant. Si le terme
de « festif » peut enfin avoir un autre sens que celui de
branlette tropicale, de petite partouze garage entre amis barbus, de drogues
qui donnent des érections inassouvies ou de shreds apocalyptiques,
c’est bien à Barren Womb que l’on doit cette prouesse.
Car, mine de rien, ces deux norvégiens – guitare, batterie
et chant – ont retrouvé la recette de la patate chaude et
du plaisir de faire du barouf, dégomment sans états d’âme
toute complaisance nombriliste et jouent un punk noisy as fuck qui n’hésite
pas à piocher occasionnellement dans le screamo dégueu,
le grunge crado, l’emo suintant ou le (black) metal avarié.
L’important c’est l’efficacité de tout le truc mais
cette efficacité n’est pas non plus à n’importe
quel prix ; tout semble tellement facile et évident pour Barren
Womb et c’est en cela The Sun’s Not Yellow, It's Chicken
est largement à la hauteur et laisse les mêmes impressions
que le groupe en concert – fraicheur et électricité.
Mention spéciale également à cette pochette gatefold
ornée d’un crapaud-méduse-diablotin trop choucard et
contenant un magnifique vinyle violet, tout ça sans aucune prétention
arty ou afféterie. Enfin, si vous doutiez encore du sens de la
dérision et de la débilité galopante et contagieuse
qui anime Barren Womb, je vous cite cette phrase imprimée à
l’intérieur de la dite pochette et renvoyant à leurs
manuels de cuisine tous les musiciens à grosses têtes de
la planète : Barren Womb uses drums and guitars because it’s
never been done before.
Hazam (28/10/2014)


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