arabrot
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Arabrot
I Modi - 12''
Fysisk Format 2014
Le 21 octobre dernier, il était enfin temps de combler un vide.
Voir Arabrot en concert. Un groupe que je suis de près, avec six
albums depuis 2005, un split album avec Okkultokrati, quantité
de singles et maxis et la qualité toujours au rendez-vous à
quelques nuances près. Les Norvégiens pouvaient débarquer.
Je les attendais de pied ferme.
Ce fut un autre groupe ce soir là qui avait asséné
la claque, les monstrueux Moe,
mais Arabrot avait aussi eu sa part de lumière. Kjetil Nernes,
la tête pensante et unique membre permanent de Arabrot était
d'ailleurs accompagné sur cette tournée par les trois membres
de Moe, ce qui donnait à l'arrière-salle du Terminus, des
allures de fin du monde. Dans cet endroit exigu, le batteur d'Arabrot,
le batteur de Moe debout avec quelques éléments de batterie,
le guitariste de Moe balançant des vacheries de fréquences
avec son Korg, la chanteuse de Moe tapant essentiellement sur sa basse
et bien sûr, la longue silhouette de Nernes portant admirablement
bien le chapeau. Un concert assez court, miné par un problème
de micro mais le final n'était que longue transe orgasmique. Ce
fût animal.
Et quand on sait ce qui est arrivé récemment à Nernes,
on était content de le voir en aussi bonne forme. Un putain de
cancer de la gorge, une tumeur enlevé l'été dernier,
35 points de suture et le voilà reparti sur les routes.
Juste avant d'apprendre cette sale nouvelle, il avait eu le temps d'enregistrer
un mini-album, les six titres de I Modi. Moins d'un an après
un sixième
album self-titled suivi d'un maxi trois titres (le moyen Murder As
Art). Ce type n'arrête jamais. Plus que jamais. Comme si sa
vie en dépendait. Et à voir les illustrations de Johannes
Høie sur le livret rose de huit pages, Arabrot n'est pas du genre
à se laisser abattre. Arabrot l'a bien longue et dure, jutant allègrement
sur un noise-rock ne demandant qu'à assouvir ses plus bas instincts.
Les paroles sont à l'avenant. Le gourdin norvégien se porte
bien. Les trois titres de la face A bandent les muscles, racés,
subtils dans la démonstration de force, grandiose toujours, à
la frontière d'un metal sans les clichés et d'un noise-rock
véhément et unique en son genre. Un soupçon de synthé,
le piano et l'harmonium de Karin Park sur Protomartyr Thekla et
The
Grip of the Family, A Cinch en titre phare débordant d'une
sensualité bestiale.
Face B, c'est un autre disque qui débute, le négatif d'Arabrot,
l'envers du décor, celui qui nourrit le noise-rock des Norvégiens
d'une originalité lugubre et qui fait d'Arabrot un groupe à
part dans le décor. Exit la batterie. Que du synthé, des
effets sonores, l'harmonium encore de Karin Park qui s'octroie entièrement
le dernier titre, The Isis Pool, avec ses vocalises en plus. Mais
le meilleur, ce sont les longs accords cristallisants de la guitare de
Nernes sur Annul, merveilleuse descente dans un enfer chatoyant
peuplé de sorcières girondes vous ensorcelant et enchaînant
avec I Modi, titre lunaire et frigorifique où là
encore, comme sur The Isis Pool, Nernes n'intervient que sur l'écriture,
laissant les armes instrumentales à Park et Pål Bredrup.
Une face expérimentale comme un complément idéal
d'un noise-rock acéré qui envoie une bonne giclée
à la tronche de ceux et celles qui aiment être surpris, de
la part d'un groupe qui a encore beaucoup de choses à vivre.
SKX (18/11/2014)
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