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American Heritage
Prolapse – LP
Solar Flare records 2014

Je ne vais pas vous refaire tout l’historique d’American Heritage et détailler les nombreuses mutations – changements de personnel et stylistiques – que le groupe a connues depuis sa formation, en 1997 : tous les disques d’American Heritage sont chroniqués quelque part dans les pages de Perte & Fracas, il n’y a qu’à suivre le guide. Pour être vraiment complet il ne manquerait peut-être qu’un Art of Losing puisque la majeure partie des enregistrements d’American Heritage sont épuisés de longue date, à l’exception du très bon Millenarian (2006) et du spectaculaire Sedentary (2011), ce dernier ayant même été réédité en vinyle par Solar Flare, après que le directeur marketing de cet éminent label clermontois ait littéralement flashé sur la puissance de feu dévastatrice du groupe.
Prolapse, le nouvel LP qu’American Heritage publie en ce mois de novembre 2014, toujours chez Solar Flare, s’inscrit dans la lignée de ses deux prédécesseurs directs. Autrement dit, American Heritage continue de pousser son metal dans une direction de moins en moins noise et de plus en plus brutale. C’est lourd, c’est puissant, ça enquille les riffs de damnés, ça pulse du rythme sataniste comme on va aux chiottes après sa quinzième bière et, malgré une linéarité de plus en plus évidente des compositions – n’oublions pas qu’au départ American Heritage était un groupe extrêmement porté sur les mathématiques – il y a sur ce Prolapse des plans hallucinants, comme si Keelhaul faisait passer Slayer devant le tableau noir pour résoudre un système d’équations au 666ème degré.
En bon amateur de metal et éternel adolescent à clous, je ne peux qu’adhérer à cette hargne de bucherons démoniaques, ces quelques soli de guitare plus synonymes de fission nucléaire que de branlette démonstrative et j’ai bien du mal, en écoutant Prolapse à plein volume, à ne pas brailler à l’unisson avec le guitariste Adamn Norden qui assure ici tous les vocaux (sur Sedentary il y avait un chanteur différent par titre – de même, désormais, le poste de bassiste semble être définitivement occupé par Erik Bocek… est-ce le même Erik Bocek que celui qui jouait dans Joan Of Arc ? je n’en suis pas sûr mais apparemment, oui).
Mais une autre particularité de Prolapse réside dans ses trois derniers morceaux. Après nous avoir balancé six compositions originales, American Heritage nous fait le coup de la reprise. Il y a en donc trois et le choix très hardcore des deux premières n’est guère surprenant avec Hürtin’ Crüe des Descendants et Thirsty And Miserable de Black Flag ; vient ensuite une version mémorable de Bulletproof Cupid, titre-phare de l’album Venus Luxure N° 1 Baby de Girls Against Boys. A l’écoute, il semble logique et évident qu’American Heritage ait jeté son dévolu sur ce chef d’œuvre tendu et tout en opiniâtreté. Encore fallait-il en avoir l’idée… Bulletproof Cupid est taillé sur mesure pour American Heritage qui en donne une version surpuissante et tout aussi vicieuse que l’originale. Un tube au delà du tube et en bon amateur de musique des 90’s et éternel adolescent attardé, je ne peux – à nouveau – que souscrire et me prosterner face à tant de beauté maléfique.

Hazam (19/11/2014)