actionbeat
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Action
Beat + G.W. Sok
A Remarkable Machine 2x10''
Ernest Jenning 2014
Action Beat
avec un chanteur, qui l'eut cru ? Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit
de G.W. Sok. Depuis qu'il a quitté ses Hollandais préférés
de The Ex, l'homme multiplie les nouveaux groupes, collaborations ou défi
et celui-ci est de taille. Donner voix à un groupe instrumental
établi comme tel depuis des années et des années,
trouver sa place à l'intérieur d'une furieuse bande de sagouins
d'Anglais qui font du bruit avec minimum sept personnes, voir neuf comme
le prouve cette édifiante photo.
Et pour Action Beat, le challenge aussi est excitant. Savoir composer
en intégrant un chanteur, lui faire de la place et surtout, apporter
enfin un vent nouveau à leur musique qui est un peu beaucoup toujours
la même chose au fil d'albums qui tournent dangereusement en rond.
Pour autant, Action Beat ne s'est pas mis à faire de l'acid jazz
et G.W. Sok à chanter de l'opéra. Les deux entités
restent dans le registre qu'on leur connaît. Ça nous fait
donc une belle jambe. Bravo l'évolution, surtout pour Action Beat.
Mais c'est le mélange des deux, la rencontre du fatras sonique
et d'une voix à moitié scandée, moitié parlée
qui donne tout le sel à ce double 10'' méritant du coup
amplement son nom.
Une remarquable machine qui s'est construite en deux temps. Les parties
instrumentales de Action Beat enregistrées en août 2012 à
New York par Jason LaFarge. Le chant enregistré durant 2013 à
Amsterdam par G.W. Sok. Et jamais l'impression d'un collage incongru.
G.W. Sok, habitué à se glisser dans les méandres
soniques de ses anciens camarades de jeu, évolue à son aise,
intervient à propos, laisse libre cours aux décharges noisy
et met un brin de poésie avec ses habiles textes dans ce monde
de brutes.
De son coté, Action Beat sait calmer le jeu quand il le faut (chose
qu'ils ont de toute façon toujours su faire), tirer vers le haut
leur sens de la composition, faire du Action Beat tout en prenant soin
de moduler les effets, varier les attaques, peaufiner les allers et retours
sur les manches des guitares, mettre plus intelligemment en interaction
toute leur ribambelle d'instruments et offrir un bel écrin à
leur invité de luxe comme sur le tripant Sentence Machine ou
le beau et final One Another (un appel du pied pour une suite à
leur histoire ?). Un écrin à dominante noire, tendu, assombri
par le poids de l'âge et qui n'a rien d'un joyeux bordel. Les Anglais
et le Hollandais font corps.
Action Beat s'était toujours fendu d'un titre avec du chant sur
chacun de leurs albums et on en redemandait à chaque fois. Là,
c'est pendant dix titres et ça leur va comme un gant. Action Beat
prend ainsi du coffre et de la profondeur. On aimerait parfois que ça
explose plus, des éclats et de la couleur mais le fruit de cette
collaboration à distance manquant de pratique et de connaissance
mutuelle est déjà étonnamment réussi. Le meilleur
disque d'Action Beat à ce jour. Merci G.W. Sok.
SKX (20/05/2014)
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