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Tyranny is Tyranny
Let It Come From Whom It May - CD
Phratry 2013

Après avoir sabordé The United Sons of Toil, Russell Emerson Hall et Jason Jensen, les deux guitaristes/chanteurs du groupe, fondent Tyranny is Tyranny. Si Noam Chomsky avait servi de référence pour leur précédent groupe, c'est au tour de Howard Zinn d'être cité. Le nom de leur nouveau projet et le titre de l'album, Tyranny is Tyranny Let It Come From Whom It May, était la première phrase d'un chapitre du bouquin A People's History of The United States du politicien et historien préféré des punks engagés. Tyranny is Tyranny change de source mais le combat est identique. Sus au grand méchant capitalisme et à toute la merde engendrée par l'Amérique. A l'intérieur du CD, chaque chanson a le droit à son explication et les thèmes abordés n'ont rien de glamour et futile. La lutte continue.
Musicalement, c'est également le prolongement du noise-rock qu'il pratiquait avec les Sons of Toil. C'est fait avec cœur, passion et idéalisme. Sept titres prenant le temps de se développer, de jouer sur les contrastes, généreux dans l'effort, faire monter l'adrénaline, se tendre, exploser et pleurer. Mais comme pour leur précédent groupe, certaines compos sont parfois bancales alors que quelques réglages suffiraient pour pleinement satisfaire. Il manque à Tyranny is Tyranny un petit (voir un moyen) quelquechose pour vraiment taper le haut du panier. Un enregistrement digne de ce nom d'abord. C'est terne, ça manque d'ampleur. Hall et Jensen ont voulu s'occuper de tout et l'écrin n'est pas à la hauteur du combat voulu, notamment ce pauvre son de batterie qui ne claque pas du tout. Le chant ensuite, pratiqué à trois avec le bassiste Guy Ficcioto (ce nom n'est pas une blague). Ca donne de la diversité et son lot d'émotions mais il ne colle pas toujours idéalement à la musique, surtout un des trois, le même qui gâchait le plaisir avec Sons of Toil, trop bourrin et éraillé par rapport à une musique qui peut révéler beaucoup de finesse. Tellement de finesse que The Haze of Childhood est un instrumental ambianceur et dronique très surprenant et finalement moins pénible qu'il en avait l'air.
Tous ces arguments négatifs n'empêchent pas Tyranny is Tyranny de proposer des morceaux haletants et accrocheurs comme Manufacturing Truth ou les deux derniers, The American Dream is a Lie et Always Stockholm, Never Lima. Des mélodies et des montées enlevées, une tension sous-jacente, du post-noise-rock comme ils disent, c'est à dire passages instrumentaux mélodiques et soutenus poussés au cul par des lâchés de fauves, un contrôle parfait de la puissance et un final à chaque fois prenant. Du potentiel comme on dit mais que ces vieux briscards n'exploitent pas au mieux, ce qui est normal pour un groupe souhaitant la mort du capitalisme. Bon album tout de même, humain et attachant.

SKX (12/09/2013)