TVGhost
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TV Ghost
Disconnect - LP
In The Red 2013

TV Ghost continue sa mue. Ils vont laisser quelques fans de la première heure sur le bas coté, en embarquer des nouveaux. TV Ghost trace sa route, sans se soucier des susceptibilités et j'aurais tendance à volontiers leur emboîter le pas. Mass Dream, le troisième album avait montré la voie, celle d'un groupe perdant ses attributs de punks braillards surfant sur un lit de saturations et de nihilisme, version crasseuse d'un Birthday Party croisé avec un Cramps cautérisant peu à peu ses plaies. L'entreprise de nettoyage monte d'un sérieux cran, au risque de devenir méconnaissable pour celui qui aurait stoppé TV Ghost après Cold Fish.
Disconnect, c'est du rock version Echo and the Bunnymen des deux premiers albums, avec une pointe d'abandon et de malaise intérieur. Un parfum d'années 80 toujours mais la face cold plutôt que la déjantée. TV Ghost passe à cinq avec un type à temps complet aux synthés, deux guitaristes dont le chanteur Tim Gick et l'habituelle section rythmique. Mais ne comptez plus sur eux pour offrir un mur de bruit. Disconnect, c'est encore plus d'espace et de lisibilité des divers instruments. L'accent mis sur les atmosphères, les textures plutôt que l'énergie frontale. L'écho de guitares se perdant dans les brumes, la reverb naturelle dessinant des courbes intemporelles, des compos s'étirant souvent au-delà des cinq minutes, subtilement arrangées et patiemment montées. Une chanson comme Stranger a de quoi surprendre, le chant de crooner désespéré encore plus mais bizarrement, c'est le morceau le plus poignant du disque et sur laquelle j'accroche excessivement. Ne croyez pas non plus que Disconnect est un disque mollasson pour doux rêveurs nostalgiques, malgré une majorité de titres joués down tempo. Le batteur, même si il ne tape pas bien fort, garde une nervosité sous-jacente, le chanteur ne se cache plus, navigue entre chant éthéré, détaché ou appuyé et les titres sont emprunts d'une petite musique interne carburant à l'intensité drapée dans l'élégance. Des morceaux hypnotiques évoquant le Velvet Underground s'aventurant dans un paysage de delay, des arpèges cristallins, une basse trottinant allègrement, du velours triste sur lequel ça glisse en s'écorchant les pensées névrosées. Disconnect est un beau recueil de chansons fines, racées, nerveuses et mélancoliques. TV Ghost ne s'est pas débarrassé d'influences marquées, ils en ont juste changé mais gagne au passage ses galons de groupe démontrant qu'il n'était pas que bordélique mais capable d'un vrai sens du song-writing. Un disque déroutant de prime abord mais qui révèle au final une évolution logique de leurs desseins sonores, embrassant de façon désormais large les années 80 pour les fondre dans leur propre moule.

SKX (04/10/2013)