rabbits
goodtodie


Rabbits
Bites Rites - LP
Good To Die 2012

Payes tes lapins ! La pochette du lion / bête féroce / animal imaginaire écumant, fluorescent et anabolisé sied beaucoup mieux au teint de Rabbits. Un trio de Portland qui vous bouffe tout cru. Lapin ou non.
Avec Joshua 'Booze' Hughes, ex-Angel Hair, The VSS et Pleasure Forever, deux guitares, pas de basse et un batteur bûcheron (Kevin 'KG' Garrison, l'autre guitariste étant Seth 'Sethro' Montfort), Rabbits est atteint d'une myxomatose galopante se répandant tel un éclair putricide dans vos tympans amoindris.
Après un premier album, Lower Forms, sur Relapse records en 2011, Bites Rites montre un visage bien plus mordant, sale et vérolé, rugissant d'un énorme fuck à la Today is the Day sur Willpower. Un slugde noise punk malsain, brutal, détraqué et foutrement puissant. De ce genre de puissance qui n'est pas directe, une puissance fracturée, une bête attaquée de toutes parts, ce qui la rend encore plus dangereuse. On peut trouver que le chanteur (régulièrement secondé dans l'effort) fait un excès de virilité ou qu'il fume trop mais à part cette petite objection, Bites Rites est outrageusement bon. Du feedback, de l'écho, des grognements, du bon gros riff grésillant, de la gravité terreuse, les trois premiers titres (voir le quatrième qui n'atteint pas la minute) sont épatants pour faire fuir un islamiste devant une armée de singes. Et Rabbits, c'est aussi de la torture mentale, des attaques plus vicieuses et malines (Suck it or blown), un nuage de vapeurs illicites pour reprendre son souffle sur la fin (On Mars II) et les rois de la reprise ne brisant pas l'unité. Les covers officielles. 2:35 des Spacemen 3 (de l'album Sound of Confusion), divinement lourde, traînante et sifflante (en imaginant John Brannon des Laughing Hyenas au chant) et What's going on de Hüsker Dü (sur Zen Arcade), morceau de bravoure que Rabbits fait fougueusement saigner, allant jusqu'à inclure un piano tachycardique dans le fond. Superbe. Et puis la reprise non-officielle rebaptisée Meth Valley 99. Mais on ne me l'a fait pas à moi, j'ai très bien reconnu un détournement éhonté du Death Valley 69 de Sonic Youth et là encore, Rabbits a tout bon. Avec un patronyme aussi ridicule que Rabbits, ça ne pouvait être qu'un groupe ne se prenant pas au sérieux.
Ne rigolez pas trop pour autant. Bites Rites est un disque à prendre en considération. Il fallait bien 180 grammes d'un épais vinyle pour supporter une telle charge. Sauter sur la bête pendant qu'il est encore temps.

SKX (18/01/2013)