pissedjeans
subpop


Pissed Jeans
Honeys - LP
Sub Pop 2013


Je viens de faire quelquechose de hautement interdit par les grandes instances de la critique. Je viens de me taper les quatre albums à suivre de Pissed Jeans. Le prochain qui me parle de Pissed Jeans, je l'oblige à écouter l'intégrale de Demis Roussos. Ou pire, celle de Faith No More. Tout ça pourquoi ? Une crise aiguë de professionnalisme ? Mon cul. Devenir le spécialiste mondial ès Pissed Jeans ? Ma vie est suffisamment creuse comme ça. Tenter de voir si ces bouseux de Allentown en Pennsylvannie suivent la courbe de l'évolution ou s'enfoncent irrémédiablement dans les sables mouvants de la redondance, synonymes de petite mort ? Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Pisser plus loin que le voisin ? Ca se pourrait.
On s'habitue à tout, même au meilleur. Telle pourrait être la conclusion de cette écoute forcenée. Parce que Pissed Jeans a réussi à pondre quatre albums indissociables comme un point noir de la gueule d'un écologiste, ce qui ne veut strictement rien dire mais je suis perturbé. C'est comme le cochon, tout est bon chez Pissed Jeans. Et faudrait voir à pas l'oublier.
Honeys
est donc dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Un putain de grand moment de rock'n'roll avec le feu aux fesses. Avec son quota de compos renvoyant dans les cordes. En tête, Bathroom Laughter. En gros, toute la face A. Que la cadence soit infernale ou froidement ralentie, Pissed Jeans connaît la recette et ya pas mieux qu'eux pour la mijoter et vous servir chaud un rock pouilleux et mauvais comme une teigne avec ses quelques moments de poignantes lucidités. Alex Newport est une nouvelle fois à la cuisine. C'est non seulement servi chaud mais avec du jus consistant. Jamais la guitare de Bradley Fry n'a laissé autant de traces au fond de la casserole.
Et puis son quota de compos en pilote automatique. En gros, toute la face B. Ou alors c'est juste qu'on se lasse. Faudrait voir à commencer par la face B. Des morceaux plus basiques et directs dans la tronche comme Health Plan et son wah-wah de la mort, Cat House ressemblant à une reprise d'un standard punk de 1977 ou Loubs ressemblant à une reprise d'un standard pub-rock.
Alors franchement, après une belle après-midi ensoleillée sacrifiée à Pissed Jeans, je n'en sais toujours fichtrement rien si c'est le meilleur ou le pire album et ça ne va pas m'empêcher de dormir. Pissed Jeans donne juste l'impression d'avoir essayé deux, trois trucs nouveaux, une approche légèrement plus punk mais ça reste du Pissed Jeans pur jus de fond de culotte tâchée, c'est-à-dire, un très bon album. Son plus gros défaut est d'arriver en quatrième position dans la discographie de Pissed Jeans.

SKX (09/03/2013)