landlines
cashcow
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Land
Lines
s/t - LP
Cash Cow 2013
Les habitués
des productions Cash Cow vont être surpris. Oubliez les guitares,
les saturations et les rythmiques meurtrières. Sortez les violoncelles
et les chants féminins savoureux. Land Lines est un trio de Denver.
Martina Grbac et Anna Mascorella pour le chant et les violoncelles. Et
du rythme tout de même avec le batteur Ross Harada. Un trio iconoclaste
mais ne donnant pas dans l'expérimental et le violemment bizarre.
De l'harmonieux, de la gravité, du classicisme. Je vous vois déjà
partir en courant, priant pour que ce cauchemar cesse et je ne nie pas
que j'aie moi aussi eu envie de courir nu dans les blés et de voter
Ségolène Royal.
Mais la peur enfantine et compréhensible de l'inconnu s'est rapidement
laissée séduire par le charme insidieux de ce premier album.
Les voix sont magnifiques. Comme ma culture générale dans
le domaine s'arrête à PJ Harvey et Chelsea Wolfe, il faudra
s'en contenter pour la comparaison. Pour faire plus pointu, je pourrais
aussi citer Iva Bittova mais c'est l'effet violoncelle qui veut ça.
Un violoncelle qui n'est pas joué façon virtuose, élève
en 3ème cycle de conservatoire que je te fais crier les cordes
à ne plus rien comprendre. C'est simple, c'est beau, ça
touche plus d'une fois dans le mille un petit cur que j'ai battant
à la chamade et le mec n'est pas là que pour ranger le matos
dans le van. Le rythme donne un crédit rock, un allant et une allure
débarrassée du carcan classique, propulsant les compos dans
une sphère où on peut tranquillement respirer sans craindre
le ridicule.
Car Land Lines oublie tout idée de préciosité et
de suavité mal placée. Les arrangements s'arrêtent
aux instruments cités. C'est sans fard, coulant sans miel, sèchement
élégant, les voix s'entremêlent, font accélérer
le pouls, le minimalisme et l'intime cohabitent dans des brochettes de
morceaux enlevés, doucement exaltés et sobrement mélancoliques
comme lors de la très belle triplette Boards Over Walls,
New Year et Wreckage au quasi tubuesque Bomb Blast.
Un disque plus d'une fois poignant dont chaque seconde n'est pas ultimement
passionnante mais Cash Cow a su surprendre son monde. Du blanc de la pochette
immaculée comme le vinyle surgit plus d'une trace d'ombre et d'aspérités
auxquelles on a plaisir à s'accrocher.
SKX (08/03/2013)
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