helenmoney
profoundlore
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Helen
Money
Arriving Angels - CD
Profound Lore 2013
Un disque
de solo de violoncelle, ça vous tente ? De beaux sanglots longs
d'un violoncelle en plein automne pour blesser votre petit cur d'une
putain de langueur monotone ? Hein ? Comment ça pas trop
?! Quelques indices devraient pourtant vous mettre sur la voie de la rédemption.
Comme le fait que Arriving Angels, troisième album de Alison
Chesley, alias Helen Money pour la scène, sorte sur Profound Lore,
un label de metal, bien placé entre les velus Dysrhythmia, Ken
Mode et Occultation. Ou alors qu'elle fasse régulièrement
les premières parties de Shellac. C'est d'ailleurs Albini qui s'est
occupé de l'enregistrement. Ça n'a pourtant strictement
rien à voir avec du bon vieux metal ou Shellac. C'est juste le
signe d'un disque inclassable, capable de plaire à toutes les chapelles
musicales, aux petits et aux grands. Alors, ça commence à
venir ? Tu le sens le doux souffle du violoncelle sur ta nuque moite et
charnue ?
Et quel souffle ! Ou plus exactement, quel grain. Un violoncelle sonnant
comme une guitare avec des pédales d'effets sur Rift, le
titre d'ouverture, qui pourrait en berner plus d'un si on était
pas déjà au parfum. Il faut attendre la fin du deuxième
titre, Upsetter, pour entendre se développer les volutes
naturelles du violoncelle. Tout en gravité, en sourde puissance,
en beauté qui vous prend dans le bas du ventre, avec des boucles
qui se superposent mais pas trop car Arriving Angels est avant
tout marqué par la sobriété, la rudesse et la profondeur.
Helen Money amplifie son instrument, le (dis)tord, modifie ses prédispositions,
Albini lui applique sa fameuse patte sonore et Arriving Angels
n'est plus un disque solo de violoncelle qui fait peur mais une vraie
belle charge émotionnelle, une musique qui vit et fait vibrer notre
corde sensible pour peu que vous l'ayez toujours, bande de sagouins.
Arriving Angels est donc un disque expressif, baignant entre mélancolie
et orage électrique, entre violoncelle qui se prend pour une guitare
et mélodies épurées (comme la reprise Midwestern
Nights Dreams de Pat Metheny) et surtout, grosse nouveauté
de son habituel attirail, elle tire de son chapeau magique un lapin portant
le nom de Jason Roeder, batteur de Neurosis et Sleep. Une belle bête
apportant sa science du roulement de tambours sur quatre des huit titres
de l'album et donnant une dimension encore plus imposante et rock à
Arriving Angels comme sur le tribal Radio Recorders à
faire secouer de plaisir de nombreuses tignasses crasseuses ou plombant
l'atmosphère sur le funèbre Shrapnel. C'est la touche
Neurosis de Arriving Angels. C'est surtout la touche d'une artiste
qui a su détourner son éducation musicale classique vers
des chemins plus larges, envisageant son instrument et son expression
sous un angle punk et rock, nous faire oublier toutes notions d'avant-gardisme
pénible pour ne former que des compositions électrifiantes,
minimalistes, abruptes et bluffantes, une musique qui jette des passerelles
et piétine les idées reçues.
SKX (09/10/2013)
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