theenchantedwood
steelwork
doryphore


The Enchanted Wood
Monster Parade - CD
Steelwork Maschine - Doryphore 2012

Le Bois Enchanté. Chapitre de conte de fées. La belle inconnue au teint de lis, veillée par ses amis les bêtes de la forêt et endormie sur sa couche de mousse constellée de rosée matinale, s'est fait bouffer. Par mégarde, je suppose.
La mort rôde partout et The Enchanted Wood la flaire de loin. Death is knocking at your door. Death to my neighbour. The Ogre at midnight et son ouverture comme à la messe avec orgue et choeurs d'églises, les hommes d'un coté, les femmes de l'autre, le ton est donné. Lente et noire procession, où chaque titre ne fait que plonger un peu plus loin dans les ténèbres mais sans cesse traversé par un infini trait de lumière pour ne pas sombrer totalement. Le rire dans les larmes, l'amour dans l'habitude, la vie dans la mort, notre nausée de chaque jour.
Au coin du bois, c'est avant tout au coin de chez soi. Un The Enchanted Wood rennais dont le débiteur en chef se nomme Michel Le Faou et son outillage éclectique qui fait peur. On ne citera donc que les plus rigolos : guitare-planche, harmonium, orchestre de theremins, autoharp, psaltérion, effets sonores et manipulations d'écho à bande et œuf-shaker. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt. Le tout Rennes s'est donné rendez-vous avec La Terre Tremble!!!, Leo88man, Laetitia Sheriff, Mistress Bomb H, etc…, Dudy Ruby pour l'enregistrement et le pot en terre cuite, plus des Nantais glissés dedans, les fourbes, avec Fordamage au grand complet.
Un orchestre funeste, distingué, solennel, invoquant la folk noire de Timber Timbre et ses arrangements déconcertants, la mise en abîme de Death in June, une arme blanche qui étincelle sur le velours de la panoplie pour briller de son propre reflet. Et des princes des ténèbres, on pourrait en citer beaucoup d'autres, dont certains en font de mauvaises graines. Mais The Enchanted Wood n'est pas du bois dont on fait les vils copieurs. Monster Parade a décidé de sacrifier le rythme, à l'état larvaire, fantomatique, de s'enfoncer jusqu'au cou dans les marais saumâtres d'un disque défiant le monde des vivants, d'un disque entre les deux, nébuleux, cotonneux, à l'état d'instruments naturels ou aiguillonné par la fée électricité, illuminé par de brillantes mélodies ombragées, des vibrations, des chœurs d'angelots et porté par un chant de crooner traînant, mesuré et désabusé. Banjo, slide guitar, scies circulaires finissent de dessiner des morceaux irréels, lunaires dont le tour de force est de vous plomber pour la journée tout en vous apportant de la sérénité. Il faut attendre le final, The Phantom Creeps, là où justement Fordamage intervient, pour que le down-tempo remonte d'un niveau, que la tension se fasse plus palpable et nous sorte de notre rêverie lugubre. Parce que Monster Parade est une drôle de bestiole, surannée et illusoire, à l'image des très belles estampes du livret (signées Perrine Labat) et on n'est pas très sûr de ce qu'on vient d'entendre. Sauf que l'envie d'y retourner, suivant le principe de l'attirance par le vide, est la plus forte.
Saleté de venin, devenu mordu à The Enchanted Wood.

SKX (22/02/2013)