deathengine
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Gros temps sur Lorient. La rade sévèrement secouée par un hardcore-noise force 10. Pourtant habitué de voir le vent venir de cette direction, Death Engine débarque sans crier gare et met une gifle royale avec un premier disque sous la forme d'un 25 centimètres lapidaire et quatre titres brûlants. Agonie journalière et colère impuissante, la sombre ferveur dégagée par Amen va mettre tout le monde d'accord.
Pas un énième disque chaotique d'un hurleur patenté criant en vain sa petite misère, pas de hardcore teinté de metal technique et complexe mais une belle tranche de noise épaisse, crépitante et à l' écorce calleuse. Une chape de plomb, l'air est rare, ce hardcore-noise ne se découpe pas menu menu mais se prend d'un bloc.
Chanteur arc-bouté sur sa haine quotidienne, plaquant des larsens vicieux ou mettant un habile effet stroboscopique sur sa guitare pendant le quasi lyrique et saisissant Gun. Rythmique qui n'en a rien à foutre de la vitesse mais qui appuie salement tous ses coups. Adrénaline qui monte et qui monte jusqu'à la suffocation.
Ce qui fait ressortir Death Engine du décor et d'une mouvance musicale qui en a vu pourtant sévir pas mal dans le domaine de la psychopathie irrécupérable, c'est que le trio y met les formes, les idées, les variations, les compos ramassées, précises et étonnantes de justesse, marchant à plusieurs vitesse mais avec un seul leitmotiv, faire gerber tout ton venin. Maîtrise autant les fulgurances que les ambiances lourdes et poisseuses comme sur Amen, seul long titre occupant toute la face B avec son final bruitiste fin du monde. Ne cherche jamais à en faire des tonnes mais la joue indompté, intense (le mot est faible) et aux tripes. Hormis cette pochette que j'aurais bien inversé, le verso étant bien plus esthétique que ce grand carré tout noir avec Amen en blanc au milieu, le premier disque de Death Engine est une putain de balle entre les deux yeux.

SKX (09/08/2013)