dassimple
envla





Das Simple
In Girum Imus Nocte - CD
En Veux-tu ? En V'là ! 2013

Amis latinistes, bonjour ! In girum imus nocte et consumimur igni, soit l'expression complète dont la traduction est Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu. Oui, rien qu'ça ! C'est également un joli palindrome et le nom d'un film de Guy Debord sorti en 1978 décrivant la vilaine société de consommation et l'aliénation des masses. De rien, la culture, c'est notre affaire.
Les Marseillais de Das Simple reviennent labourer notre cervelle et ce n'est toujours pas simple (mouhaha). Trois ans après un premier album qui avait de quoi faire perdre son latin à plus d'un, Das Simple continue d'être dévoré par un feu intérieur. Mais ne perd plus personne en route. Cinq titres allant de sept à douze minutes. Ca a de quoi effrayer le chaland mais Das Simple réussit, grâce à un tour de passe passe magique qu'on n'est pas prêt de voir au Vélodrome, à vous tenir en haleine jusqu'au bout. Il y a bien quelques parties de guitares et des sonorités qui crispent un peu, récrimination que Das Simple balaie d'un fil rouge d'intensité constante et des montées d'adrénaline épiques.
Car si Das Simple continue de revisiter tous les genres ou presque que la musique a enfanté, le propos reste incandescent sans jamais faire l'embarrassant constat d'un délire entre potes qui ne parle qu'à eux. Prog-rock névrotique, noise-rock hurlant, passages cosmiques, chinoiseries, drones stressants ou attaque de moustiques géants sur Cages, choeurs romanesques, blast-beats que n'auraient pas renier Weasel Walter sur Tales of the Galactic Serpent Part 3, math-rock kobaïen sur le troisième morceau dont le titre fera date dans l'histoire du rock - Quand la Chine s’éveillera dans ton cul, ça fera toujours moins mal que l’Afrique – et autres qualificatifs incompréhensibles comme seul le langage musical est capable, In Girum Imus Nocte est une débauche de sentiments contradictoires, un feu d'artifice pétaradant sous le rire d'une pleine lune démoniaque. Les couches d'intensité s'accumulent, la vue se brouille sous des mirages auditifs, les différentes parties s'imbriquent comme dans du beurre et Julius, bassiste, crieur et compositeur unique joue le chef hors-pair de compositions improbables et hautement percutantes dans leur généreuse frénésie.
A l'instar de leurs collègues marseillais de Conger Conger, Das Simple va où bon lui semble, ne s'épargne rien et s'offre tout. Mais cette-fois-ci, il ne s'éloigne jamais de sa proie, lui tourne sans cesse autour, lui met une pression continue. Le délire est sous contrôle. Nicolas Dick (Kill The Thrill) est toujours derrière les manettes. Le DIY label En Veux-tu ? En V'là ! et le soutien d'une pléiade d'organismes à but subventionnaire n'auront pas raison de la richesse et de la liberté de Das Simple. Plus que faire tourner en rond toute la nuit, ce disque rend fou.

SKX (18/12/2013)