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Buck Gooter
Witch Molecules - LP
X-Mist, Beau Travail 2013

Quinze. Quinzième album de Buck Gooter. Leur précédente aventure et une présentation avaient été narrées par ici. Un duo invraisemblable que le monde découvre peu à peu. Un duo qui sort de son trou perdu en Virginie jusqu'à trouver de l'intérêt de l'autre coté de l'Atlantique, chez les Allemands de X-Mist et Beau Travail et venir en avril prochain sillonner les routes européennes, voire l'est de la France si le cœur vous en dit.
Un duo habitué à la débrouille et qui a mis les petits plats dans les grands en allant enregistrer dans le fameux Inner Ear Studio avec Don Zientara (toute la clique de Dischord), soit une avancée technologique spectaculaire dans le monde très DIY de Buck Gooter. Parce que jusque là, Billy Brat (le jeune) et Terry Turtle (le vieux) en avait rien à battre des conditions d'enregistrement avec leurs guitares à deux balles, leur boite à rythme d'un autre âge et leurs bidouilles électroniques à se filer un coup de jus. Mais c'est pas ça qui va les changer, ces indécrottables. Si on peut tout de même considérer globalement un meilleur son, Buck Gooter reste d'un minimalisme rural, fielleux et étrange.
Les compos se partagent toujours en deux dans ce couple bizarrement assorti. Quand Turtle chante ses paroles, la musique se fait plus bucolique et détendue. Il écrit une ode à Judith Scott (?), aux cochons (Pigs are cool), contrairement aux marionnettes (Fucked up Marionette) avec ses trois accords syndicaux et ce son légèrement métallique qui lui vaut des comparaisons (très osées) avec Big Black. Et quand le jeune Billy Brat pousse la chansonnette, l'adrénaline monte d'un cran. Sorte de MC des campagnes, gueulant sa rage au naturel et sans gêne tout en trifouillant des boutons d'une antique installation. Electronic disturbances comme il dit. Et c'est vrai que c'est perturbant. On ne s'est pas trop où il veut en venir mais il y va tout droit. Hélas, contrairement à Consider The Grackles, Buck Gooter n'a pas réussi à sortir des perles vicieuses du calibre de The Thin Gruel, In Tongues ou She Sees Only Flowers qui aurait emmené cet album vers le haut. Parce que malgré tout le soudain intérêt porté à Buck Gooter et les moyens mis à leur disposition, Witch Molecules reste un album bancal, spontané, perfide, curieux, anecdotique de la part d'un duo hors des modes, hors du temps, hors de tout. Et rien que pour ça, Buck Gooter vaut le détour.

SKX (13/02/2013)