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Big
Black Cloud
Black Friday - LP
Eolian Empire 2013
Deuxième album pour le groupe de Portland qui a sévèrement
réduit sa masse salariale en passant de cinq à trois membres.
Ce qui ne les empêche nullement de faire toujours autant de boucan.
Après Dark
Age, Black Friday. La ligne de conduite reste au funèbre.
Mais le boucan, tout persistant et noir qu'il soit, n'est plus autant
crasseux et débraillé. En virant un guitariste et un clavier,
recentré au tour d'un bon vieux guitare-basse-batterie, il est
normal que le bruit change de texture, perde quelques scories grésillantes
et fumantes. De là à dire que le trio s'est calmé,
il y a une pédale fuzz que je ne parierai pas. Big Black Cloud
n'a pas abandonné sa sauvagerie et son approche rock'n'roll crapoteuse,
fonçant dans la beauté de ce monde le couteau entre les
dents, avec sarcasme et un grand sens de la répartie (Pile of
Shit). La trompette de leur pote Joel Hatmaker continue de faire quelques
apparitions (Barbaric, Mystical, Bored), donnant du grain à
moudre à ceux qui voudraient les rapprocher des Cows et de toute
une frange de punk-noise rednecks comme les Pissed Jeans, version caniveau
et acidité maximale.
Big Black Cloud nous gratifie donc toujours de belles boules vicieuses
et sifflantes, au sommet duquel trônent les titres les plus mid-tempo
et longs comme Human Host, Wastoids et Medusa, le
trio faisant alors preuve d'un contrôle de pulsions remarquable
pour un impact encore plus efficace. Le chant de la bassiste (Soo Koelbli)
se complète parfaitement avec le débit de chien enragé
du guitariste (Nick Capello) et Black Friday devient magnifiquement
flippant. Mais cet album souffre aussi de titres plus anecdotiques, de
chutes de tension, ce qui fait que Big Black Cloud a encore du chemin
avant d'arriver à la hauteur des groupes références
suscités. N'empêche, Black Friday reste un album piquant
et solide, en dehors du fait qu'il pèse 180 grammes d'un goudron
généreux.
Big Black Cloud a également
un single sur le feu à sortir sur 80/81
records. Pochette qui sent bon le bad trip et l'abus d'huile de palme
et Cocaine World s'inscrivant dans le haut du panier de leur répertoire.
Titre court, entraînant, chant de lave en fusion qui a trouvé
la bonne ligne mélodique, ne pas en rajouter et passer au suivant,
Translucent City. Basse entêtante, guitare qui fume et déraille,
le trio fait encore preuve d'économie et d'une certaine simplicité/retenue
loin d'être déplaisante. La dernière pastille à
gober s'appelle Last Dance, un instrumental portant bien son nom
et qui ne mérite pas pas qu'on s'attarde sur la piste. Un groupe
taillé pour la guérilla urbaine.
SKX (17/10/2013)
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