zoft
humptydumpty

Difficile de croire que Zoft est deux. La paire belge n'est pas le duo habituel. Des traces sans doute de leur ancienne formule où les Bruxellois arrivaient toujours à intégrer un troisième membre (un chanteur, un joueur de tuba ou un mec derrière des machines). Une facilité pour multiplier les sons, enrichir les structures les sortant aisément de l'ornière du basique duo math-rock. Leur musique ne manque pas de complexités mais charpente des compositions autrement plus burlesques. Comme les New-Yorkais de Neptune, Zoft bricole ses propres instruments et boîtiers électroniques de perturbations sonores. Allier à un sens du groove que ne renierait pas les Italiens de Zu ou les Français du Singe Blanc dans ses moments plus loufoques, la paire guitare-batterie joue la carte d'une musique jouissant sans entraves. Les machines et les sonorités de l'étrange ne prennent jamais le dessus mais se mettent au service de l'enrichissement d'un rock qui se prend beaucoup moins la tête qui l'en avait l'air de prime abord. Et pour aller encore plus dans ce sens, souligner le coté récréatif de leur rock, Zoft exploite honteusement des enfants et les utilise en fond sonore pour habiller le morceau Q.I. Cuit ou à la toute fin de Coil. Zoft a d'ailleurs pour projet de bosser avec un groupe de gamins sur des instruments electro-acoustique et se produire en concert. Zoft cherche donc tout azimut, pas de limites, triture ses instruments pour les faire chanter, tout comme les cordes vocales, véritable instrument à part entière, vocalises sans signification sinon celle d'apporter encore plus de matière sonore à déchiffrer. Reste que cette matière ne touche pas toujours sa cible et certains abus de rythmes peuvent lasser. La gravité (dont ils sont également capables) sur des morceaux comme Exit, Coil ou Mike Tapping, marqués par une bonne dose de noise, une touche de sombre et de sons plus glaçants / grinçants derrière le groove tordu frappent autrement mieux mon cortex de peaux mortes. Je ne sais pas si ce disque est électriquement hanté, frappé par le démon de l'originalité. Il ne hantera en tout cas pas mes nuits mais procure suffisamment de décharges électriques pour vous offrir une saine secouée et doit permettre à Zoft de débarquer dans le paysage en titillant votre curiosité.

SKX (09/10/2012)