xaddax
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Xaddax
Counterclockwork - LP
Skin Graft 2012

Le retour de Nick Sakes sur le devant de la scène, c'est le printemps tous les jours, même au plus profond de l'hiver, c'est un vers solitaire qui vous bouffe de l'intérieur, la jeunesse qui vous revient comme un boomerang quand Dazzling Killmen, Colossamite et Sicbay partageaient quotidiennement votre couche. Bref, le panard intégral.
Mais Nick Sakes n'est que le Xad de Xaddax, le Dax n'étant pas Micheline mais Chrissy Rossettie, l'autre moitié, le reflet parfait de ce palindrome, renvoyant l'image d'un couple sur scène et à la ville. Si Chrissy Rossettie n'a pas le CV de son homme, ce n'est pas non plus totalement une inconnue. En plus d'avoir jouée dans le très éphémère My Name is Rar-Rar, elle a également tenu la batterie sur le tout autant fugace The Hex, chroniqué en temps et en heure par ici et que les curieux auront bien raison de télécharger aux frais de la maison.
Espérons en tout cas qu'elle ne soit pas susceptible, Xaddax étant toujours présenté comme le groupe de l'ex-Dazzling Killmen alors que dans Xaddax, les forces sont communes et égalitairement réparties. Nick Sakes ne s'est d'ailleurs jamais pris pour un Dieu de la guitare, instrument qu'il a commencé très tard (il avait déjà 26 ans quand est sorti le premier single de Dazzling Killmen, il en a désormais 48), toutes les parties plus complexes de DK étant jouées par le second guitariste Tim Garrigan. Et dans Xaddax, il ne montre toujours pas une dextérité au-dessous de la moyenne, se contentant d'enchaîner les barrés à fond la caisse. Mais il possède ce don naturel pour rendre incandescentes toutes les compos qu'il touche, pour donner de l'ampleur et gangrener des morceaux qui sonneraient ternes dans d'autres mains. L'âge n'a pas de prise sur son bouillonnement intérieur et à l'instar de GW Sok, sa voix, sa scansion, ce grain inimitable, cette colère au fond de la gorge sont aussi pour beaucoup dans l'intensité à combustion spontanée s'emparant de vos sens dès qu'il approche d'un micro.
Et comme sa moitié n'est pas du genre à faire mine de taper sur ses fûts, le cyclone Xaddax est impétueux et frénétique. Par saccades, par secousses, par jet continu, le duo balance dix courts missiles ayant tendance à tous se ressembler mais c'est la conviction de l'interprétation et la rage découlant de chaque note qui font la différence.
Et puis, ils ont leur petit truc à eux que l'on doit à Miss Rossettie, preuve une nouvelle fois qu'elle n'est pas qu'un simple faire-valoir de son encombrant mari, une valeur ajoutée prenant la forme de sonorités électroniques venant détraquer la mécanique infernale, un brouillage de pistes, non seulement pour soutenir le jeu de guitare de Sakes mais pour enrichir et donner une touche d'originalité à ce noise-rock qui aurait pu sonner sec et austère sans cette défoliation pervertissante.
Il fallait bien une pointure comme ça pour redonner des lettres de noblesse à Skin Graft et si Xaddax n'atteint pas les hauteurs vertigineuses de ces précédents groupes, c'est parce qu'on est trop con à toujours vouloir comparer alors que le futur appartient à Xaddax. Cette boule de haine se suffit à elle-même. Un plaisir simple, brutal, abrasif, un disque ressemblant à des petits jeunes avec la bave aux lèvres et ça, on prend sans sourciller. Toutes autres considérations peuvent aller se faire voir.

SKX (04/06/2012)