veuvess
echocanyon

Avec un nom de groupe pareil qui cherche l'embrouille et un titre de EP dédié à la corporation médicale ou les bouchers, c'est selon, il ne faut pas s'attendre à de la finesse par palettes de douze. Les paroles sont clairement affichées en une de pochette, direct dans ta face, histoire de ne pas prendre en traître le quidam qui se serait aventureusement égaré dans ses contrées sauvages, la merde est là, sous ton nez, comme un étendard fièrement arboré, provocation pleinement assumée. Et une bonne grosse dose de rien à foutre. Dans ces viscères / Il y a tout / Tout ce que je traîne / Ce qui remonte jamais / Mes viscères, mes ulcères / La chiasse / Viens la goûter, en bouffer / Toute la merde. Vous êtes donc prévenus.
La musique est aussi rude, brutale et mal dégrossie. Après deux morceaux hyper expéditifs de hardcore/crust tendance fastcore et découpage d'orteils, Veuve SS la joue subitement plus vicieuse, poisseuse et lente. Les quatre titres suivants s'enfoncent douloureusement dans la cervelle, Veuve SS agonise et paye ses crimes. Le chanteur, si vous me permettez cet écart de langage et sans vouloir offenser le principal intéressé, vomit, beugle ses crachats lui servant de textes. La guitare n'est que larsens et dérapages, le son craque comme une armée de cafards écrasée sous une semelle de plomb, c'est engageant comme un plat de tripaille, vous êtes en droit de ne pas aimer mais vous auriez tort.
Car dans son jusqu'au boutisme primaire, Veuve SS possède deux morceaux donnant un fort goût de reviens-y, les titres Viscères et Crevard (avec en introduction un sample de Robert de Niro dans Les nerfs à vif), où le groupe fait preuve d'un minimum de discernement, travaille la chair en profondeur, l'attendrie pour mieux la dévorer grâce à une guitare plus maline qu'elle n'y parait, une basse pesante comme un uppercut de maori, amenant son hardcore borderline vers un mélange de Born Against, Pollution et quelquechose de bien déglingué et boueux. Si Veuve SS compte s'en sortir dans la vie, ses deux titres sont l'unique espoir.
Un vinyle puissamment sordide, comportant uniquement une seule face, avec un sillon en mode bloqué au début vous obligeant à vous relever (mais la blague ne marche qu'une fois) et le logo du groupe gravé de l'autre coté. Veuve SS vient de Lyon, avec des types qui ont ou traînent toujours leur misère dans 12XU, Overmars, Moms On Meth et Morse et… c'est beau la vie.

SKX (23/06/2012)