tigon
theghostisclear
newatlantis
|
Tigon
Infinite
Teeth - LP
The Ghost is Clear/New Atlantis 2012
Après
une série de singles, de splits singles ou split
albums, soit tout l'attirail du parfait groupe DIY, le groupe de San Francisco
Tigon se décide enfin à sortir son premier album. Et comme
disait mon oncle, l'attente valait le coup. Tigon est parti d'une base
cimentée par Playing Enemy, Botch et toute la ribambelle de groupes
metalcore qui ont squatté les platines à la charnière
de ce début de siècle pour amalgamer, digérer et
évoluer vers un groupe mutant devant autant aux groupes noise-rock
de Chicago, The Stnnng que les lourdeurs spongieuses d'un Kowloon
Walled City avec qui ils partagent un guitariste et certainement des
choses plus légères et mélodiques dont je tairais
le nom parce qu'à un moment donné, tout ça ne veut
plus rien dire.
Tigon plane sur des contrées où le rythme est le plus souvent
mid-tempo, voir carrément lent pendant les huit minutes de Prophetess,
le titre qui doit le plus à Neurosis, et même carrément
absent sur l'aventureux et excellent Infinite Grin. Car Tigon n'hésite
pas à tordre le coup aux normes établies par le petit livre
rouge du hardcore. Si les churs de gorilles des montagnes sont parfois
présents (et heureusement secondaires), c'est pour mieux sortir
de sa manche un chant féminin apaisant sur Tortoise goes to
Burning man. Aux grands coups de lattes dans les gencives qu'une basse
sans scrupules procure, Tigon oppose deux guitares capables de finesses
insoupçonnables et une section rythmique pouvant s'avérer
aussi mesurée. Le chant principal est continuellement emprunt d'une
boule dans le ventre, alternant le parlé et la limite du hurlement
retenu, une tension que les cinq Tigon n'ont cesse de mettre dans l'ombre
pour mieux tisser des structures contrastées, ambitieuses tout
en restant limpides. Une mise en relief et en abîme sublimée
par le jeu de deux guitares inspirées, tour à tour cinglantes
ou monolithiques, mélodiques ou méphitiques de la part d'un
groupe maniant la douche écossaise mieux que quiconque, flirtant
avec les clichés sans jamais tomber dedans, accouchant d'une partie
là où on ne l'attend pas et faisant preuve d'une belle maîtrise.
Infinite Teeth est infiniment surprenant et place Tigon sur la
carte des groupes hardcore-noise qui ne se contentent pas de rabâcher
les sempiternels mêmes plans et mettent un peu de douceur dans ce
microcosme de brutes.
SKX (14/09/2012)
|
|