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The
Somnambulist
Sophia Verloren - CD
Solaris Empire/Acid Cobra 2012
Nouvelle
séance d'hypnose avec The Somnambulist. Après un premier
album, Moda
Borderline, débordant de palpitations, l'international
trio basé à Berlin frise le destin. Rêve éveillé.
Rien. Pas un mot. Troupe colorée et noire en dedans, multitude
de sonorités et de démarches, Sophia Verloren nous
prend par la main et nous emmène loin. Et les portes sont toujours
ouvertes chez The Somnambulist.
D'autres musiciens de passage, leur kermesse hétéroclite
et un brassage d'ambiances, de racines et de possibilités. Le chant
rauque et éraillé de Marco Bianciardi accueille chaleureusement
le voyageur imprudent. Un rien inquiet quand même. Que les ondes
du thérémine de Rafael Bord lui rendent bien (son inquiétude)
avec ses imitations de chant de sirènes mystérieuses pour
mieux nous attirer vers les profondeurs. Et insondable, Sophie Verloren
l'est. Comme pour Moda Borderline, la palette d'emprise est riche
et large, l'envoûtement fera son oeuvre sauf qu'il a mis plus de
temps à parvenir. Le béton n'en sera que plus dur. Pas de
Red Carpet ou 80's Violence qui vous cueille direct au menton
mais à l'arrivée, huit morceaux qui n'en sont que plus solides
et extatiques. Les cordes du violon et de la guitare tissent une toile
d'araignée pinçante, des cordes mélodiques capables
de léviter comme sur Dried Fireflies Dust, judicieusement
accompagnées par le chant bien plus apte qu'il en a l'air. My
Own Paranormal Activity et Logsailor sont deux belles pièces
d'ouverture laissant des ornières qui ne sont pas prêtes
d'être effacées, symphonies rudes comme un rock. Car derrière
(ou devant) son attirail de piano, vibraphone, saxo alto, The Somnambulist
se saigne les veines. La batterie de Marcello S. Busato trépigne,
ses percussions répercutent l'écho d'un groupe énervé
qui ne se morfond jamais dans trop de mélancolie et joliesse. L'harmonie
et le cassant, la balance parfaite d'un disque toujours en vadrouille
et jamais à court d'idées, s'autorisant même un brin
d'humour sur Steam en faisant croire à plusieurs reprises
que le disque est rayé.
Et en son milieu, les quasi neuf minutes du morceau donnant son nom à
l'album. Ou quand The Somnambulist part dans le narratif, l'abstrait,
l'éclaté sans jamais se perdre en chemin, preuve une nouvelle
fois de l'inventivité et du talent de compositeurs de ce trio hors
pair. Un talent qui nous renvoie aussitôt à Monday Morning
Carnage, dernier titre sublime. Le violon fait un peu peur au début
mais la voix de Albertine Sarges se mélangeant à la rugosité
des churs de Bianciardi, la mélodie opérant un glissement
de terrain vers The Cesarians et son envolée tout en sobriété
en font un titre à se repasser en boucle. Comme tout le reste de
l'album. The Somnambulist va encore me tenir éveillé pendant
longtemps.
SKX (21/11/2012)
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