nusensae
suicidesqueeze

Sans doute conscients d'avoir atteint leur limite à deux, la bassiste/chanteuse Andrea Lukic et le batteur Daniel Pitout ont ouvert Nü Sensae à un troisième canadien, Brody McKnight, ancien guitariste des géniaux Mutators, groupe qui n'était pas très éloigné esthétiquement parlant de Nü Sensae. Il a donc tout de suite pris ses marques et s'intègre parfaitement dans le paysage, Nü Sensae ne changeant pas fondamentalement son angle de tir et s'adonnant toujours aux joies du noise-rock âpre et direct.
Mais à trois, c'est plus de tournante, de possibilités et d'ouverture, apportant ainsi des variétés dans les compositions. Et de la densité au centimètre carré d'une musique qui n'en manquait déjà pas. La voix de Lukic n'a rien perdu de son grain de chatte enragée et avec la guitare en plus, la comparaison avec les Babes in Toyland est encore plus tentante. Mais Lukic sait aussi moduler ses cordes vocales, chanter de façon plus apaisée et même dans sa langue natale, le Croate, sur Tajna. Tout le symbole d'une formule rudimentaire dans laquelle Nü Sensae n'a pas voulu s'enfermer. Ne pas gueuler jusqu'à l'essoufflement. Ne pas tourner comme une bête folle et se mordre la queue. Tout s'autoriser, continuer à flinguer. La machine punk basique, portée à bout de bras par une énergie sans faille où l'essence aurait rapidement manqué, s'est muée dans un punk-rock à l'énergie tout aussi rédemptrice, portée par la force d'un power trio aux possibilités infinies.
Nü Sensae aligne les hymnes sauvages comme l'enchaînement de la face A (après un court interlude servant d'introduction, First Born qui sera développé sur la face B, First Born (reprise)) valant bien un triple AAA (Swin, 100 Shades, Burnt Masks et Dust), missiles expédiées en trois minutes avec désinvolture, brio et férocité. Nü Sensae, c'est aussi plus de tourment, de colère rentrée et de complexité avec Whispering Rule, chevauchée fantastique que n'aurait pas reniée le John de la pochette, cow-boy égaré au pays des torgnolles. Et le festival continue quand le violet du vinyle change de face. Spit Gifting, le jeu écorché de McKnight, répandre le vitriol et des mélodies acérées jusqu'au dernier, Eat Your Mind. Un morceau déjà fabuleux sur le split 7'' avec White Lung, dont l'intérêt est rehaussé par l'apport de la guitare, tout comme Tea Swamp Park réenregistré avec quelques gratouillis de guitare en plus.
J'aimais déjà beaucoup le Nü Sensae à deux mais à trois, ce n'est pas trois fois mieux, c'est une vraie bombe. Sundowning ne représente pas le coucher de soleil des Canadiens mais un nouveau départ vers d'autres horizons. My 45 is loaded, my head is exploding.

SKX (22/10/2012)