metz
subpop
|
Metz
Metz - LP
Sub Pop 2012
L'annonce de la sortie de l'album de Metz sur Sub Pop avait de quoi surprendre.
Comment ça ? Un vrai disque de noise-rock sur un label qui ne sortait
plus que de la folk, du rock insipide, voir même du hip-hop avec
Spoek Mathambo, un label dont les années grunge et braillardes
étaient très loin derrière lui ? Mis à part
le Hope for Men des Pissed Jeans (et encore), on ne peut pas dire
que l'amoureux des guitares dans le rouge et des rythmiques qui tabassent
trouvait son bonheur chez le label de Seattle.
Metz, c'était pour l'instant trois 45 tours frappant à la
porte tordue de Glazed Baby, Young Widows, reniflant le souffre de Chicago
et sa horde de groupes qui ont fait la renommée de la ville en
matière de noise-rock implacable. Alors, Sub Pop, mon cul. Surtout
que cela allait engendrer des comparaisons foireuses avec d'anciennes
gloires du label (si vous pensez à Nirvana, vous avez tout bon)
de la part de fainéants aux raccourcis rapides, bien aidé
par le verso d'une pochette d'un type en vrac dans la batterie. Ma paranoïa
galopante ne peut s'empêcher de penser que c'est une idée
lumineuse du label et que Metz s'est fait avoir en beauté sur ce
coup là.
On est cependant content pour le trio canadien de cette soudaine exposition
qui ne manque pas d'arriver avec la sortie de leur premier album éponyme.
Dépouiller quelques tympans à des masses avachies et bourgeoises
de la feuille est un plaisir qui ne se boude pas. Et en ça, on
n'est pas déçu. Metz va au charbon et envoie du lourd. C'est
tout à fond, la fameuse technique de la terre brûlée,
le rouge incandescent pour vous faire mijoter à petit feu, la guitare,
basse et batterie à niveau égal pour le coup du lapin, parce
que, bordel, il faut que ça saigne. Et pourtant, malgré
cette description d'une intense sauvagerie, l'album est d'un abord terriblement
catchy. Le plaisir et l'accroche sont immédiats. Metz a insufflé
un vent rock'n'roll. Certains rythmes se danseraient presque. Difficile
de ne pas réagir instantanément à ces brûlots.
Mais alors qu'on pense être parti pour rouler tout confort, le grain
de l'insatisfaction vient enrailler la machine. Metz n'aurait-il pas trop
misé sur l'énergie bouillonnante, le son qui décoiffe
en oubliant d'écrire de véritables compos qui tiennent au
corps ?
Si vous avez suivi les aventures de Metz depuis le début, vous
avez en mémoire leurs trois
premiers
grandioses singles.
Si vous prenez le train en route, la maison vous offre une session
de rattrapage, les grésillements en sus. Et là, vous comprenez
que ce qui manque à cet album, ce sont des titres de la trempe
de Lump Sums, Ripped on the Fence ou Autömat,
des morceaux qui viendraient dérégler la machine trop bien
huilé de Metz. De vrais morceaux noise-rock cassant les reins,
parcourus de folie et de surprises, une agression sonore ne misant pas
que sur le volume mais sur des structures napalmées de l'intérieur.
Alors que là, et notamment la face A, ça file droit, des
rythmes qui tracent, de l' uniformité, malgré quelques riffs
tentant de faire la différence, une trop grande volonté
de faire mal, de frapper un grand coup d'entrée de jeu, aligner
des hymnes potentiels au détriment d'une conception d'album plus
travaillée. Sur la face B, cette impression diminue car c'est là
que les meilleurs titres se trouvent (Wet Blanket, Wasted,
The Mule et Negative Space qui avait déjà
fait les beaux jours du troisième single), quand Metz sort de la
mine, trouvant des riffs et des tournures de phrases au-dessus de la moyenne.
Chaque titre aurait fait un bon single mais mis bout à bout, Metz
a tendance à paraître comme un groupe noise-rock de plus.
Ca gueule, ça frotte, la rythmique est impressionnante, ça
fait un boucan d'enfer, l'énergie est communicative mais ça
manque d'ampleur.
N'empêche, je ne serais pas comme quelques pisse-froids goûtant
des mp3 du bout de la langue en deux temps trois mouvements, oubliant
toute la merde recyclée qu'ils écoutent à longueur
de journée. Metz fait lever le poing, taper du pied, hurler dans
le vide, provoque des déhanchements perpendiculaires et Metz fait
tout ça beaucoup mieux qu'une très grande majorité
de groupes oeuvrant dans la catégorie. C'est déjà
énorme et que demander de plus à un disque de rock ?
Ce n'est pas le monument espéré mais il sera toujours tant
de réfléchir plus tard.
SKX (25/10/2012)
|
|