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Les Suce-Pendus - Judas Donneger
Split 7''
Label Brique 2012

Suffocations prévisibles. Autant serrer dans ses bras un gros poisson mort. Une mouche verte s'échappe de ce split entre les Suce-Pendus, groupe défunt depuis (tant mieux pour eux) et Judas Donneger, duo branlant avec l'ancien guitariste de Death to Pigs et un ex-Suce-Pendus (ressuscité donc).
Les Suce-Pendus, un nom sonnant comme une mauvaise blague punk-alterno franchouillarde - j'irais pisser sur vos tombes - un frisson d'horreur vite balayé par les émanations carboniques suintant de Mort à l'hôpital. Un titre qui n'est pas une métaphore mais racontant pour de vrai une histoire de mort, dans un hôpital (d'ailleurs où voient-ils que leurs hôpitaux sont blancs alors que tout y est rouge et inflammation), une mort par mélancolie, dans un français crû, distant et qui fait froid dans le dos. La musique sent aussi la mort, par trituration, par asphyxie, par supplice, cycle infernal d'un rythme robotique qui donne envie de danser comme t'as envie d'aller à l'échafaud, basse nihiliste à un doigt, éclats de guitare désagrégée par abus de frottements, aura new-wave purulente dépiautée sur un torse nu et livide.
Le titre de Judas Donneger se nomme J'aime les filles froides. L'atmosphère perd encore quelques degrés. Ressorts insaisissables. Echo lointain d'une machinerie froide, boite à sonar de rythmes agonisants, d'une guitare en fin de vie, souffle glacial sur ta nuque, musique qui se meurt et voix aux symptômes similaires que celle des Suce-Pendus égrenant son inventaire des J'aime. Les couples qui se déchirent, les enfants déjà cramés par la vie, les cuisses écartées, les rires mutins, le sperme au coin des lèvres, le cancer, la libido défaillante, la jalousie et par-dessus tout, les filles froides qui poussent au suicide.
Je ne sais pas pourquoi, mais ce disque me fait rire.


SKX (28/06/2012)