inthered

Lamps
Under The Water Under The Ground - LP
In The Red 2012

Lamps n'avait jusque là jamais allumé de petite lumière dans mon juke-box personnel. Under The Water Under The Ground, troisième album du trio de Los Angeles, a remis de l'électricité dans les filaments, de quoi éclairer toute la côte ouest, une telle charge que le court-circuit n'est pas loin.
Car ce qui différencie cet album de ses prédécesseurs (qui n'avaient déjà rien de bluettes), c'est un putain de son à se faire électrocuter la moustache jusqu'au doigt de pieds avec un effet de bang mongoloïde en aller-retour. Chris Woodhouse, ex-Karate Party, Mayyors et d'une tonne de projets obscurs, responsable aussi de l'enregistrement de The Intelligence, A-Frames et de groupuscules garage ne craignant ni la saleté ni les moisissures, a chaussé ses gants de bricoleur génial, a mis le fil rouge dans le bouton vert et a tout envoyé valser.
Le garage-punk de Lamps a donc pris une nouvelle dimension sous une lumière noise & friture radioactive. La basse fait le bruit d'un tank folâtrant sur un chemin d'enclumes. Nombre de groupes affiliés noise-rock pur jus ne cracheraient pas sur un tel écornement. Le batteur ne fait pas dans la dentelle, cogne fort et droit. La guitare de Montgomery Buckles a des réglages d'enfer pour mieux vous en faire sentir les flammes. Son chant trafiqué sous une reverb de bon aloi vient faire frissonner mon tout. Le garage-rock de Lamps a pris un sale coup dans la tronche. Les Cramps repris par Clockcleaner. De la surf music s'écrasant contre un rocher d'emmerdes.
Dès le morceau d'ouverture, Dogcatcher et son riff ma foi bien gentil et accrocheur, le déluge s'abat. Subitement. Sauvagement. Lamps garde les percées mélodiques d'une minute trente mais devient plus méchant, plus dingue avec dans le rôle principal du fauteur de trouble, la guitare. C'est quand même bien elle qui fout le bordel et cette ambiance de dégénérés. Un guitariste qui a apporté de l'épaisseur à son jeu, s'amusant comme un lutin taquin avec ses belles pédales d'effets devenant des instruments à part entière, mettant le piment et tout le sel de morceaux incroyables comme Pagodas ou An Irrational Fear of Sailors. Vogue la galère. Le morceau le plus (sur)prenant est cependant tout autre, quasi non représentatif de l'album, c'est le dénommé H.B.D. C'est la face post-punk de Lamps qui nous illumine. The Fall en mode métallurgiste, répétitif, pesant, hululant à la nuit noire et traversé de mille éclats chaotiques.
Lamps vous fait danser sur un champ de mines, enchaîne onze déflagrations à la fluorescence rouge feu. Donne un énorme coup de pied au garage-rock. Piétine la tronche ridée de Jon Spencer. Lamps a mis le feu.

SKX (12/12/2012)