kouma
grolektif
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Kouma
Kouma - CD
Grolektif 2012
Les premiers
mots du label pour décrire le groupe sont parfaits : Kouma est
un power-trio. Point barre. Tout est dit. On aurait pu s'arrêter
là. Car l'erreur serait de rattacher ce groupe à tel ou
tel courant musical, de prendre le saxophone débridé comme
prétexte pour l'insérer dans la case jazz, de buter sur
les structures qui partent dans tous les sens pour lui coller math-rock
sur le blaire et de prendre le prétexte du bruit que tout ça
génère pour en faire de la musique noise.
Non, juste power trio car Kouma, c'est avant tout et uniquement une histoire
de puissance. Lâcher les chevaux, larguer les amarres, ne plus se
soucier de rien. De l'épaisseur dans le son, des aspérités,
de la rudesse, des sons qui ne sont pas là pour faire joli. Et
de la liberté. Le label, toujours prêt à prémâcher
le travail, merci à lui, parle de free-rock. Le nerf de leur expression.
La liberté de faire ce qu'ils veulent comme bon leur semble, sans
limite, sans cadre, l'extase dans le bruit.
Un sax baryton dont les sonorités graves s'entremêlent impeccablement
avec la guitare baryton. Un batteur qui martèle, multiplie les
rythmes fêlés et appuie tout ses coups avec une jubilation
communicative. Des cordes de guitares aussi bien cisaillées que
frappées, sonnant comme une basse frétillante (magie du
baryton), des effluves chaleureuses d'un sax qui vous empoignent le bide.
Les six titres de ce trio lyonnais sont un formidable concentré
d'adrénaline. Tangente prend la
tangente dans des
dérapages bruitistes contrôlés dans une composition
de dix minutes incendiaires, tout en contrastes et en fractures. Et des
fractures, des secousses, Kouma fournit la dose, comme des charges en
avant, des répétitions obsédantes (la fin de Krach#1),
des moments de suspension, de la retenue bouillonnante et des crépitations
qui font de cet enregistrement un disque extrêmement vivant.
La Kouma n'est désormais plus seulement un fleuve russe mais une
musique inondant et irradiant les vertes prairies de vos sens qui ne s'attendaient
pas à être noyés sous ce déluge soudain et
captivant.
SKX (16/02/2012)
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