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Kepone Kepone - LP Modern City 2012/1997 Double surprise avec l'arrivée de ce disque. La première est la réédition d'un disque sur lequel il ne me semblait pas avoir une très forte demande pour un groupe qui n'a jamais déchaîné les passions. La deuxième, j'aime Kepone. Et ça, il fut un temps où c'était presque honteux. J'étais pourtant resté sur la sensation agréable d'un concert, à peu près à la même époque que la sortie de ce troisième album réalisé en 1997 par Quarterstick records. C'était à Rennes, dans la salle de l'Antipode qui devait encore s'appeler la MJC Cleunay, synonyme de lose et d'un bon concert devant 30 pelés. Mais sur disque, c'était une autre paire de manche et heureusement, pas un seul des trois albums ou des nombreux singles du groupe de Richmond dans les étagères de la maison. Pauvre de moi, qu'est ce qu'on peut être con parfois. Ou alors je vieillis. Je ne sais pas trop ce qu'il s'était passé cette année là. Sans doute resté sur Skin, un précédent album assez unanimement décrié. Resté sur l'impression d'un groupe pratiquant un punk-rock morne et balourd, trop mélodique et pour les rednecks tout crotteux. Alors qu'en fait non. Ce troisième album regorge de tubes, de mélodies sans facilité et imparables, un grain épais et surtout une tension dont je ne soupçonnais pas l'existence. Il reste bien quelques relents d'un punk-hardcore un poil trop enjoué parfois mais l'impression générale et grandement dominante est de faire face à un disque de punk-rock-noise urgent, tendu et percutant. Kepone titille parfois Jesus Lizard (Virginia Creeper), mène grand train sur une poignée de titres implacables, hymnes punks devant l'éternel qui fini toujours par reconnaître les siens. En fait, je crois avoir trouvé ce qui chiffonnait chez Kepone. C'est le chant qui n'a rien à voir avec le cri du jeune loup affamé ou de la horde de chiens enragés. Ca chante vraiment chez Kepone. Seul (Michael Bishop, le bassiste) ou à plusieurs (avec Tim Harriss, aussi responsable de la guitare qui enchaine les riffs ravageurs), de vrais lignes de chants, de belles envolées viriles qui plus d'une fois rebutait le noiseux endurci. Mais franchement, quel bonheur (je crois que je vieillis vraiment) de les entendre nous réchauffer la couenne sur Liner Hymn ou Pointless. Surtout que quand il s'agit de mettre la pression, Bishop, qui en avait le physique, le coffre et la barbe, ne se gêne pas non plus. Sur la face B d'un disque rempli jusqu'à la gueule de quatorze titres, Kepone place d'autres superbes morceaux comme le bien nommé Slow Build qui commence tout doucement, construit patiemment son piège et se ferme dans une bel éclat de véhémence contrôlée ou l'instrumental final Dead Pop Ideal de toute beauté. Kepone montrait avec ce disque qu'il était un groupe capable de plein de finesses et surtout de grands compositeurs. Merci donc au label lyonnais Modern City records de réhabiliter Kepone (ou du moins cet album, je ne vais pas m'avancer pour les deux autres) avec une pochette revue et corrigée de façon surprenante mais originale, un vinyle transparent, des paroles qui n'étaient pas présentes sur la version CD (seule version jusqu'à ce jour dans laquelle on pouvait trouver ce disque) et la reprise du visuel d'origine avec défonçage de boite aux lettres à la batte de baseball. Et pour le coup, c'est notre tronche qui est visée et les idées préconçues remises à leur place. SKX (26/11/2012) |