keiki
cheapsatanism

Keiki
Popcorn From The Grave - CD
Cheap Satanism records 2012

Keiki est un duo belge. Popcorn From The Grave est leur troisième album et il a bien failli passer par la fenêtre. Une boite à rythme qui a connu la guerre et surtout les années 80, des compositions scolaires, un minimalisme à deux balles, un sale goût général de pop bon marché. Alors je ne sais pas ce qui a retenu au dernier moment mon bras d'aller polluer la nature, mais cette mauvaise première impression s'est assez rapidement effacée.
La fausse simplicité a dévoilé des mélodies entêtantes, la guitare râpeuse, épaisse et les riffs de Raphaël Rastelli valent plus que deux balles, la chanteuse Dominique Van Cappellen-Waldock vous cueille de sa belle voix accrocheuse et les ondes du thérémine finissent par vous caresser l'épiderme. Le rejet de la pop de Keiki donne naissance à une pousse bien plus complexe et rugueuse. Une greffe sauvage, une pop trafiquée tirant vers un post-punk malingre, se nourrissant de plein de microbes. Du kitsch, du rétro et un arrière-goût pervers, cette foutue boite à rythme à la programmation et la sonorité tellement rudimentaire qu'elle en devient un argument de poids contre-nature, de la nervosité et une tension venant mettre un coup de pied dans la fourmilière, dans le bel agencement où se cachent de nombreuses fissures comme lors du crépusculaire et touchant Hotel Saint Amour.
Et comme si ce bordel ne suffisait pas, Keiki a deux invités de choc. Eugene Robinson (Oxbow) n'a jamais craché sur une participation quand on lui demande gentiment. Ces dernières années, il a multiplié la présence imposante de sa voix sur divers projets. Pete Simonelli, le chanteur d'Enablers, semble emprunter le même chemin de la collaboration. Keiki ne s'est privé de rien, n'a pas fait de jaloux et a invité les deux américains, chacun son titre. The Killing Cure pour Robinson qui a fumé trois paquets de gitanes sans filtres avec de placer ses habituelles jérémiades. Sur Full Body Wolf, la narration de Simonelli est impeccable et les voix de ses deux ostrogoths mélangées à celle de la chanteuse de Keiki (dont le timbre ne manquera pas de rappeler celui de PJ Harvey) sont une belle association synonyme de valeur ajoutée.
Je referme donc sagement la fenêtre sur un album révélant douze comptines acerbes et grisantes, à la formule rock primaire mais bien plus riche et bandante que laissent supposer de dangereuses apparences.

SKX (29/09/2012)