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Katawumpus
Soleil Cogne - CD
Autoproduction 2011

Soleil cogne d'abord sur la pochette. Boîtier rond métallique avec non pas de la crème solaire mais un beau CD rouge rayonnant sur son lit de mousse et son insert dépliable. On en mangerait. Mais ce n'est sûrement encore rien par rapport à la version de luxe. Un CD enlivré comme ils disent, un livre illustré de 64 pages, 20x20 cms, avec une histoire de Cécile Coulon et le même CD de Katawumpus à l'intérieur, le tout paru chez les éditions Horripeaux. Ce qui sied merveilleusement à ce groupe de l'Ardèche, vu l'effet narratif de leur musique.
Et là, le soleil cogne encore plus fort. Je me souviens de leur précédent disque, un trois titres au nom à rallonge comme leur musique. C'était déjà pas mal mais c'était trop. Trop de longueurs, trop de psychédélisme, trop de diversions, trop de tout qui avait fini par effrayer le chroniqueur. Un bon paquet de répétitions plus tard, pas mal de travail, des séances d'affinage acharnées, une ligne directrice plus lisible et un détour chez Miguel Constantino à St Cadou, Katawumpus cogne surtout à votre porte.
Sept titres généreux, tirant toujours des bords sur la durée mais ne débordant plus de partout. Chaque titre a des allures de péplum mais défile comme un sitcom. Chaque titre comporte de multiples parties mais on ne s'y perd jamais. Un dédale de tiroirs mû par une énergie sans faille. Des bouts de mélodies ne s'éternisant jamais longtemps mais sur lesquels on se raccroche avec plaisir. Une instrumentation classique, guitare-basse-batterie-chant (juste un saxo et ce qui ressemble à un xylophone et un accordéon sur le très beau Tighten The Arms) mais chaque instrument essoré, vidé, exploré au maximum, à toutes les vitesses, des combinaisons multiples et une complémentarité juteuse. Sept titres qui bouillonnent, qui vivent, toujours inventifs, tour à tour émouvants ou durs et étonnement compacts sous leurs airs volubiles, portés par une guitare qui sait se faire bien noise et un chant féminin à la palette vocale large et assez époustouflante. Chantant autant en anglais que dans une langue inconnue, évoquant tantôt Iva Bittova, tantôt une sauvageonne extravertie pouvant postuler dans n'importe quel groupe noise disjoncté.
Le son est rêche, sec, sans fioriture et souligne encore mieux la dimension rock et urgente d'une musique qui garde ainsi un aspect brut et direct, évitant de partir dans une exubérance sonore qui aurait été de trop, vu le caractère déjà riche de chaque composition. Gros coup de chaud que ce premier album de Katawumpus et une des meilleures choses sortie par notre beau pays en 2011.

SKX (10/01/2012)