k-holes
hardlyart
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K-Holes
Dismania - LP
Hardly Art 2012
Retour du trou noir, dans cet état incertain entre la vie et la
mort, la conscience du bordel noir qui nous entoure et le flottement des
corps pour un possible non retour. Le premier album
était déjà un magnifique condensé de rage
revêche et de spleen cruel mais là, c'est la classe au-dessus,
le plaisir décuplé.
Leur rock'n'roll swamp inspiré par le Gun Club, Birthday Party,
les Cramps ou Siouxsie and the Banshees est toujours d'actualité,
le fantôme des anciens ne les quitte pas tout en l' envoyant valdinguer
dans leur poussière de vieux. K-Holes, c'est aussi New-York, c'est
à dire du trash, du bruit, de la fureur, no wave et no futur. L'amalgame
donne du fil à retordre aux figures du passé, des attaques
furieuses et vicieuses dans un cadre d'abandon et de vies pleine de mauvaises
décisions, une Vashti Windish tout en léopard kitsch qui
hurle qu'elle est un rat sur l'épileptique Rats, des rythmiques
tribales parce que c'est la jungle ici bas, du mid-tempo faussement langoureux
mais aussi un truc poignant qui prend aux bides dans des ballades de blues
hypnotisant. Le saxophone omniprésent de Sara Villard est pour
beaucoup dans la touche de suavité au milieu de cette rudesse,
accouchant de titres désespérément grandioses à
méditer sous les néons blafards comme Window in the Wall,
ode
à l'amour et à l'espoir ou Numb et sa ligne de saxo
fondant dans la bouche et somptueusement soutenu par des arpèges
bleus azurs. Quand Jack Hines, ancien guitariste de Black Lips, se met
à raconter ses propres cauchemars, l'intensité et la souffrance
continuent de mettre à cran, drainent une folle envie de tout envoyer
voler et enracinent K-Holes dans la lignée des groupes de romans
noirs qui vous hantent pendant de longues nuits. Une dernière plongée
divinement lugubre avec Nothing New, dans le ventre miséreux
de New-York et la beauté crasse de Dismania, parfaitement
mis en lumière dans un enregistrement éclatant tout en respectant
les zones d'ombres, s'étale de tout son long sur un album respirant
par tous les pores les tourments de sa ville qui l'a vu naître et
fait honneur au tableau noir d'une longue liste de groupes locaux devenus
primordiaux.
SKX (05/07/2012)
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