hawks
rejuvenation


Hawks
Push Over - LP
Rejuvenation 2012

Les faucons d'Atlanta surgissent à nouveau. Insatiables rapaces. La chair fraîche de Rub encore saignante sur l'autel du rock, le corps de Barnburner émettant des cendres pas prêtes de s'éteindre. Push Over, c'est le fer qu'il faut battre tant qu'il est bouillant, une cadence marche ou crève, faire sortir tout le jus purulent et abrasif tant qu'il est encore temps jusqu'à ce que mort s'en suive.
A ce rythme là, il ne faut pas s'attendre à de grandes révolutions mais sortir en quatre ans, trois albums de haute fournaise, aussi indispensables les uns que les autres, tous semblables pris en bloc mais unique chacun pris séparément, coller la barre du niveau général à un point si élevé qu'elle vous reste en travers du front, c'est un tour de force méritant un minimum de respect. Respect que Hawks vous crache à la tronche dès White Crosses, sûrement renversées, pour un déferlement accrue de violence diabolique arrosant toute la face A. Crache son venin sur chaque sillon. Prend à bras le corps chaque famille du noise-rock, regarde droit dans les yeux aussi bien Chicago et ses enfant terribles comme Big'n (plus un clin d'œil évident à Jesus Lizard sur Tanked), que le rock'n'roll dégénéré de Pissed Jeans, le swamp dégueulasse de quelques australiens, la furieuse maestria teinté de blues d'un Oxbow sur les sept minutes du suintant Sunder King, toute la folie patente des groupes prenant continuellement un coup de chaud dans leurs états du sud (la Géorgie), à l'instar d'un autre état de grands fêlés, le Texas et feu la clique de Trance Syndicate records, plus deux, trois rejetons encore plus inavouables et plus lourdingues. Une belle photo de famille que Hawks piétine joyeusement.
Alors certes, Hawks y va plus simplement, moins salement, enlève des couches de saturations, triture moins ses bandes. Kyle Spence (Harvey Milk et ex-Fiddlehead) a fait la même chose qu'avec le Kansas de Grids. Il a donné du coffre et de l'espace à chaque instrument, organe vocal compris, mais sans jamais, oh que non, édulcorer le propos corrosif de Hawks. Les grands mélomanes disent dans ce cas là que les compositions gagnent en impact, en puissance, en maîtrise, que ça profite au crime. Foutaise ! Les deux albums précédents n'ont rien à lui envier. Le choc et la raclée sont aussi grands, à chaque fois. Push Over présente juste un angle d'attaque différent. On pourrait même avancer qu'il fait moins peur que ses grands frères, qu'il est plus présentable. Mais les intentions belliqueuses, le goût de la baston, le cran d'arrêt dans chaque pogne, le regard luisant, le sens aigu du rock'n'roll, tout est là et Hawks continue de planer haut sur les grandes plaines du noise-rock.

SKX (29/08/2012)