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The
Gary Remains - LP Sick Room 2012 Une phrase de présentation sur le label Sick Room records est assez symptomatique du sentiment ressenti face à la musique de The Gary. Une réunion informelle entre trois amis qui n'avaient aucune ambition sauf celle de briser la monotonie d'une semaine de boulot. Une présentation qui pourrait convenir à de nombreux groupes se créant fièrement sur le bûcher de cette chienne de vie routinière pour en raviver la flamme à grands coups de riffs saignants et de rythmes tapageurs. Sauf que The Gary colle maladivement à la description follement glamour de Sickroom car ya rien de saignant et de tapageur chez le trio d'Austin. Très loin de provoquer un tsunami de folie et de renverser tous les codes musicaux sur son passage. C'est simple, carré et - comble de l'ironie pour un groupe qui voulait briser la monotonie - banal. Mais par je ne sais quel miracle, c'est surtout terriblement addictif. Des compositions qui n'ont l'air de rien mais véhiculant une chaleur diffuse et pénétrante. La rencontre heureuse entre une indie-pop racée et musclée à la Mission of Burma, Enablers (voir Arcwelder pour les plus anciens) et un noise-rock plus sec et anguleux. El Camino, leur précédent EP a été mis en boite chez Albini et son fantôme rode toujours sur Remains bien que ces dix titres soient enregistrés par Matthew Barnhart (du groupe Tre Orsi), Bob Weston se contentant de laisser traîner ses gros doigts boudinés sur la masterisation. C'est exécuté sans véhémence mais avec conviction. C'est subtilement supérieur, les mélodies sont plus d'une fois princières et profondes comme l'excellent Valhalla, titre d'ouverture montrant le chemin vers la plénitude du noble travail de l'artisan. Un disque plus marqué par la gravité que le précédent et premier album (Logan en 2010 sur Cedar Fever records). La mort d'un oncle du guitariste Trey Pool dans un récent ouragan ayant frappé les cotes américaines et des paroles abordant les catastrophes naturelles et autres réjouissances du genre sont sûrement pour beaucoup dans l'épaisseur et le ton mélancolique abordé sur Remains. Un noise-rock fait avec du coeur, de puissantes ballades qui vous arrachent une larme (Monozona, The Evidence avec le violoncelle et la voix féminine de Henna Chou ou Water Song), un chant robuste et fervent, une rythmique appuyée, le brillant de l'aluminium d'une guitare inspirée, des compositions sans esbroufes, rutilantes, taillées dans le bois de l'élégance et l'humilité. Parfois, j'aime une bonne pipe au coin du feu, il n'en faut pas plus pour me faire craquer ou quand la monotonie brille de mille feux. SKX (09/11/2012) |