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Fungus Brains
Ron Pistos Real World - LP
Load 2011

Load records réédite un album de 1983. Fungus Brains, groupe largement méconnu, sauf des archéologues en histoire aigue du rock australien dont Ben McOsker, boss de Load, en fait apparemment partie. Ron Pistos Real World est le premier album d'une série de trois, le meilleur selon toujours ces mêmes spécialistes. Le plus dur à trouver aussi. Cette réédition tombe donc à point nommé pour ceux qui veulent éviter de manger trop de pâtes en fin de mois. Pour se raccrocher à une branche connue, Fungus Brains était un des nombreux groupes du guitariste Mick Turner, bien avant qu'il ne forme les fameux Dirty Three. Les quatre autres, de glorieux inconnus avec quelques particularités. Un chanteur saxophoniste (Geoff Mark), un trompettiste à plein temps (Peter Maddick) et pas de batteur attitré. Ce sont les deux autres guitaristes, Simon Sleigh et Andrew Walpole qui se partagent le tabouret, se répartissant ainsi les titres, soit en tant que second guitariste ou en tant que batteur. Et le bassiste de service, Simon Adams.
Pour rester dans le domaine du connu, on aurait pu également citer les incontournables Birthday Party. 1983, on est en plein dedans même si ça commence déjà à sérieusement sentir le sapin pour la bande de Nick Cave. Fungus Brains possède ce même sentiment d'urgence se baladant sur les bords du chaos. Mais cette comparaison est trop facile et surtout imparfaite. Le fond et la forme suintent bien le rock, de ce rock australien qui a fait le bonheur de cette île et bien au-delà. Pas de pose gothique ou arty. Fungus Brains se situe plus sur la branche The Saints, époque Eternally yours et Prehistoric Sounds, quand les cuivres narguaient les guitares punks sans jamais essayer de faire joli ou le classicisme d'un The Scientists bien fuzzé de l'intérieur. Un Mudhoney sous les tropiques et qui sent la poussière du désert. Au final, on appelle ça un mélange explosif. Ron Pistos Real World est un album regorgeant de guitares vrillant le cerveau, de mélodies ressortant de la crasse grâce aux envolées des cuivres, d'un chant titubant qui se cogne à l'inamovible solidité de la section rythmique. Avec un grand sens de la répétition confinant au frénétique sur Car Accident… où le brûlant Day of Heat avec son lot de guitares partant dans tous les coins de la pièce.
Un disque reproduit à l'identique par Load records. Pochette fidèle à l'originale, enregistrement sans remasterisation à la con. Seuls deux morceaux viennent enrichir le disque de 83 sorti par Max records. St Kilda et Where the fuck is Wal où le chanteur aime prendre une voie débile quand il ne s'approche pas de celle de Nick Cave. Je ne sais pas si c'est un grand classique oublié du rock australien, et la réponse ne m'intéresse pas franchement, mais Load a bien fait de ressortir ce disque des grandes oubliettes du rock.

SKX (04/01/2012)