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Friend Collector
Friend Collector - LP
Terra Firma 2012

Terre à l'abandon, no man's land infesté de vermines et un American en lettres majeures (que vous trouverez parfois comme nom de cet album mais il n'en ai rien) pour une inscription lourde de sens sur cette vieille carcasse toute rouillée. La chute de l'empire, vue par ce nouveau trio de Baltimore, donne une musique à la mesure de cet état de décrépitude.
Nouveau trio mais avec de l'ancien dedans. Jason Donnells, un ex-The New Flesh qui revient à la basse après une expérience malheureuse à la guitare dans Pfisters et Gregory Dembeck, guitariste sur la fin de vie de The New Flesh. Un certain Scott Russell à la batterie et la démolition en règle peut commencer sur un magnifique vinyle violet. On retrouve pas mal de gênes de New Flesh dans la musique de Friend Collector. Ce goût maladif pour un noise-rock animal, brutal. Le genre qui ne plait pas à grand monde car trop autiste, trop rude, voir rudimentaire, pas assez affiné pour des oreilles pourtant habituées à être malmenées. Pas de règle des trois accords, encore moins d'arpèges même cinglants. La guitare siffle, joue la partition du larsen et de la friction, la voix hurle en retrait, la batterie est en avant, la basse comme une tige d'acier monumentale sur laquelle s'abat une pluie de béton. Mais alors que The New Flesh pouvait manquer de discernement dans son chaos, Friend Collector dépasse le stade anal et arrive à sublimer sa sauvagerie, à la rendre plus précise, audible et donc plus crédible. Le trio n'hésite pas également à prolonger la douleur, affichant de nouvelles prétentions, faisant le lien avec le dernier split de The New Flesh. Deux titres de sept et huit minutes s'intercalent dans les cinq autres morceaux expédiés au pas de course. Least Offensive Option et Stacking the Deck sont deux tours indestructibles, Friend Collector dévoilant son coté Slug, avec rythmiques répétitives, chant qui pousse à bout, mantra nihilistes suintant de distorsions et de flétrissures, poussant même à invoquer la force noire d'un Swans sur un Stacking the Deck rouillé et nuisible pas loin de rendre dingue. Ce noise-rock d'enragés m'enchantera toujours.

SKX (04/05/2012)