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Five Dollar Priest nous joue l'origine du monde à l'envers. Changement de position, jungle en émoi, terrain moite de sève humaine, petit sexe de granit rouge, Five Dollar Priest garde pourtant le cap, bien rigide, sur un rock sulfureux et swinguant, s'habillant des pourtours nébuleux de sa ville, New-York, qui a engendré ce groupe à fortes têtes. Ron Ward, Norman Westberg, Bob Bert (Speedball Baby, Swans, Bewitched), George Porfiris à la basse et la toujours verte clarinette de Patrick Holmes. James Chance continue de jouer à l'invité de luxe mais, erreur, laisse tomber le saxo, il tâte les claviers. Une ou deux discrètes chanteuses qui ne volent pas la vedette à Ron Ward, plus Jon Spencer que jamais dans la chaleur rock'n'roll qu'il dégage des cordes vocales, Garo Yellin pour le violoncelle sur un morceau et le petit nouveau à temps plein, Grasshopper, échappé de Mercury Rev.
Du beau linge, profonde félicité corporelle. Les ressources de première nécessité ne font défaut à personne au moment opportun. Le vulvomètre mesure un taux de satisfaction au moins aussi haut que sur le premier album. Manque un orgasme de la trempe de Bobby Chen pour emporter Jazz Salt vers des hauteurs vertigineuses, un morceau qui mette tout le monde d'accord mais les sept titres forment une sphère bien ronde, bien pleine d'un rock'n'roll de luxe, juteux mais jamais sale, incroyablement sexy et légèrement jazzy épicé comme le suggère le titre. Foudre blanche portée par l'organe de Ron Ward, couinant, se déhanchant sur des râles suggestifs, Five Dollar Priest semble avoir du mal à sortir de l'anonymat des chambres noires alors qu'il pourrait faire triquer plus d'un con qui en veut, trémousser des guiboles qui ne font pas les rossignols mais se contentent d'un rock solide, suintant et chaleureux. Ecrin de circonstance avec pochette qui s'ouvre en grand, papier glacé et un label basque qui n'oublie pas au passage de vous faire payer l'addition au prix fort.

SKX (20/04/2012)