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Fight
Amp Birth Control - LP Translation Loss 2012 Il est temps de s'intéresser de plus près au cas de Fight Amp. Birth Control est déjà le troisième album depuis 2008 du trio de Philadelphie et ça tombe bien, c'est le meilleur. Les deux précédents (Hungry for Nothing et Manners and Praise) n'avaient rien d'honteux, loin de là, mais Birth Control ne fait pas que contrôler les naissances, il contrôle aussi leurs bas instincts. Fight Amp a toujours uvré dans le heavy-noise-rock, la dentelle n'est pas leur matière préférée et quand il s'agit de frapper, le trio ne se prend jamais à deux fois. Un énième changement de batteur plus loin (ceci dit sans aucun rapport), Fight Amp offre son album le plus travaillé et le plus mélodique sans que l'eau dans le vin ne soit mis. Tout est dans le détail et la finesse du grain. L'exemple le plus frappant est l'instrumental (le seul) Goner, dont le riff avait été trouvé depuis six ans par le guitariste Mike McGinnis, que le groupe n'avait jamais réussi a casé et dont l'accouchement a été rendu possible par le batteur qui a trouvé l'articulation nécessaire à une souplesse nouvelle dans le furieux monde du trio. L'artillerie lourde de Fight Amp a pris une autre dimension. Le groove Unsanien croise le fer avec la décharge d'un Keelhaul ou d'un Craw, sans le même degré de perversité et de complexité mais Fight Amp en prend le chemin. Pour la première fois, ils osent des titres de sept ou huit minutes dont un Should've Worn Black de belle ampleur. Le massif guitare-basse-batterie-chant se fend d'une mélodie virile mais réelle, d'une noire intensité et d'un piano parasité renvoyant au finale de I Am The Corpse, passionnément délié et synonyme d'un Fight Amp plus varié et plus riche de saveurs fortes. Pour preuve encore, des parties de guitares que McGinnis n'auraient pas osé avant comme sur Fly Trap et son court solo lumineux ou encore sur le suivant White Pickett et son final sortant de l'ordinaire. Et avec une clef de voûte tel que John DeHart sortant des lignes de basses dantesques, il ne peut rien arriver de mal à ce groupe qui a su garder sa puissance tout en affinant son propos et en tentant de nouvelles choses. Normal, pour un groupe s'appelant au tout début Fight Amputation, dont le nom a été amputé de sept lettres, que de tailler dans le gras en laissant la chair respirée. SKX (16/11/2012) |