moderncity
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Cargo
Cult/Texas Biscuit Bombs
The Two-Headed Cobra - 2xLPs
Modern City 2010
Perte &
Fracas ne va pas finir le long chapelet des chroniques de 2012 par le
disque incontournable de l'année. Parce que d'une, il est sorti
en 2010 et deux, il est loin d'être incontournable. Par contre,
pour la meilleure pochette/emballage de l'année 2010 ou 2012 ou
toutes autres années, ce double vinyle concourt aux premières
places. Emballage en dents de scie comme pour la réédition
du Kepone,
vert fluo pétant, pochette haute en couleur avec gaz detectors
signé Randy Biscuit Turner, vinyles chamarrés du plus bel
effet, 20 inserts A4 reproduisant des flyers de concerts de Cargo Cult
et Texas Biscuit Bombs et deux autres inserts présentant les groupes
dont un long texte de Turner sur la scène punk texane. Le label
lyonnais Modern City a fait les choses en grand, ce qui peut paraître
totalement incongru en ces temps de dématérialisation à
outrance. Quoi, il existe encore des personnes qui se cassent le cul pour
faire des objets magnifiques ? C'est déplorable. Magnanime, le
label propose un téléchargement
gratuit de ce disque. Et de mettre au feu cet amas cartonné.
Mais faisons fi de ces considérations bassement matérielles.
Elevons-nous vers les cieux éclairants de la musique. Le dénominateur
commun des deux groupes s'appelle Randall J. Turner, alias Randy 'Biscuit'
Turner. L'ex-chanteur des Big Boys, figure importante et extravertie de
la scène punk-rock américaine dans les années 80
et qui n'hésitait pas à afficher son homosexualité
dans une scène très macho, avait formé Cargo Cult,
juste après la fin des Big Boys. Un groupe dans lequel jouait également
Don Davis (basse), Chris Massey (batterie) et Duane Denison, guitariste
inconnu qui ne le restera pas longtemps une fois qu'il aura mis son talent
au service de Jesus Lizard.
Un talent qui ne s'entendait pas lors de Strange Men Bearing Gifts,
premier album réalisé en 1986 par Touch and Go records.
Disque laborieux de punk new-waveux. Autant le laisser croupir dans les
bacs à soldes.
En 87, Cargo Cult enregistre sept nouveaux titres en vue d'un second album
mais splitte quand Denison quitte Austin pour aller plus tard avec qui
vous savez. Ce sont ses sept titres-demo inédits qui vous sont
proposés sur le disque vert et gris. Et entre temps, le talent
de Denison prend forme. C'est même confondant de similitudes avec
des morceaux de Jesus Lizard sur les deux morceaux I Can See Miles
and Miles of Miles Davis (qui aurait servi d'ébauche à
Here Comes Dudley ?) et Cutting Paper Dolly (dont la partie
de guitare a été recyclée sur un autre morceau de
Jesus Lizard, j'en mettrais ma main à couper !). Denison commence
à trouver son style et c'est tout Cargo Cult qui en profite. Les
compos sont plus tranchantes et mordantes, loin d'être toutes mémorables
certes mais elles allaient dans le bon sens comme ce poignant et étrange
Roses and Thorns. Malgré un enregistrement en devenir, un
son brut et mal équilibré, ça reste toujours largement
mieux que leur premier album. Si ce disque avait pu voir le jour à
l'époque, Cargo Cult serait peut-être devenu autre chose
qu'une aimable curiosité d'un ex-Jesus Lizard et Big Boys.
En 2004, un an avant sa mort, Randy 'Biscuit' Turner monte le projet Texas
Biscuit Bombs avec Johnny Todd à la basse, Erik Westfall à
la guitare et David Ensminger, batteur et collaborateur du zine Maximum
Rock'n'Roll. Deux concerts sont donnés en avril 2004 et le 16 juillet
2005. Ce sont ces deux représentations ainsi que deux enregistrements
studio qui vous sont proposés sur le disque orange et blanc. Un
disque qui sera beaucoup moins usé que l'autre.
A part les deux morceaux studio qui sont des compositions originales de
Texas Biscuit Bombs dispensant un rock revêche et ma foi pas mal
du tout pour Yelling Down a Well, tous les autres morceaux live sont des
reprises. Et ya du lourd. Proud Mary de Creedance Clearwater Revival,
Rocker d'AC/DC, deux titres de ZZ Top, une reprise du Spencer Davis
Group, le This ain't No Picnic des Minutemen, Hate the Police
des Dicks dont le chanteur Gary Floyd partageait les mêmes orientations
sexuelles que Randy Turner et un hommage à un vieux groupe punk
d'Houston (Really Red). Les huit morceaux restants sont des reprises des
Big Boys, on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même. Ca
sent le vieux et la guerre des tranchées. La marade entre potes.
Sympathique means anecdotique.
Sur ce, vous pouvez retourner pourrir en enfer.
SKX (28/12/2012)
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