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spooky


Buried Horses
Tempest - LP
Beast 2012

Buried Horses, la grande classe australienne. Découvert récemment lors d'un concert à La Bascule organisé par le label rennais Beast records venant de sortir la version vinyle d'un album sorti en 2011 par Spooky records. Le concert n'avait rien d'impressionnant mais leurs compositions se suffisaient à elles-mêmes, parlaient pour eux, se laisser pénétrer par la tiédeur du soir. Du swamp-rock en beauté, qui ne sent pas le souffre et la poussière comme certains de ses anciens représentants mais porté par un infini aplomb. L'air est brûlé, la pierre est chaude, l'orage menace au loin et Buried Horses s'avance, impeccable dans sa tenue de solitaire.
La clarté du son cuivre dans les tympans, c'est bien dégagé derrière les oreilles, précis, planifié, construit, limite de la retenue involontaire mais de la chaleur toujours, diffuse ou éclatante dans des soubresauts rock'n'roll. Du spleen abrupt tissé par deux guitares habiles dont le blues et maillage trouvent écho chez Come. Du Scientists ou The Drones en plus européen, une pincée de Gun Club sans les flots d'alcool brouillant la cervelle, un chanteur à la diction parfaite, narratif ou hululant sa longue complainte parlant de mort et d'abandon. En concert, le grand barbu bassiste avait l'aisance des types qui rendent les choses simples mais essentielles. Sur disque, ces lignes de basse sont tout aussi mesurées et prenantes. La guitare passe au slide, un air de country et d'Amérique profonde, reprenne Ghost Riders in the Sky, un vieux classique d'un vieux chanteur américain (Stanley Davis Jones), écrit en 1948 et repris par Johnny Cash, Presley et une flopée de dinosaures, destin variable et tragique à la fois puis retour au pays, étendues sauvages, musique taillée à l'image de son pays qui l'a engendrée. Dans ses moindres recoins.
Le swamp-rock de Buried Horses fait le tour de force d'être aussi rudimentaire que travaillé, primitif et luxuriant, poignant et chromé. C'est ce qu'on appelle dix belles chansons. Sans ironie, sans arrière-pensée malodorante, sans chichi, juste dix putains de belles chansons claquant magnifiquement dans la tempête et suffisant à notre bonheur.

SKX (03/10/2012)