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Buildings
Braille Animal - CD
Doublegoodplus 2008/2011
Melt Cry Sleep - LP
Doublegoodplus/Cash Cow 2012

Minneapolis, terre de feu, vient d'engendrer un nouvel incendie. Buildings est son nom et embrase nos sens toujours prompts à s'enflammer au doux son d'un noise-rock de compétition. Buildings, du haut de ses deux albums, contemple ses aînés, les incontournables Jesus Lizard, The Stnnng, Young Widows, crache un bon coup par terre et balance ses flèches pour continuer à alimenter le brasier perpétuel.
Braille Animal est sorti en 2008 mais n'avait jamais connu les joies de la matérialisation physique. C'est chose faite désormais grâce au label de Minneapolis, Doubleplusgood records, qui s'est également occupé du deuxième album tout chaud (version CD), Melt Cry Sleep, alors que c'est le revenant Cash Cow records, label de Denver qui met les petits plats dans les grands pour le 33 tours et une superbe galette à la tache jaune se répandant comme une flaque d'urine sur le vinyl transparent.
Deux albums construits dans un moule identique mais en bon architecte, Buildings a su élever le niveau de qualité d'un étage, tout en changeant d'artisan bassiste, Sayer Payne remplaçant Ryna Harding. La pochette déjà, largement plus attractive sur Melt Cry Sleep et les compositions, plus fruitées et juteuses.
Braille Animal
reste tout de même un très solide exercice. Les fondations de Buildings sont ancrées dans le terreau noise-rock de la voisine Chicago. Les vibrations sont bonnes, résistent à tous les coups de butoirs. C'est emprunt d'une certaine chaleur, un soupçon plus rock'n'roll que son suivant, grâce à une guitare généreuse, allant jusqu'à être appuyée par un sorte de farfisa sur le dernier titre The Vatican. Dix morceaux sans faiblesse avec des pointes comme Snake Chambers, 35, Al Jazeera ou le plus tribal Dead Kings.

Avec Melt Cry Sleep (leur version de boulot métro dodo ?), Buildings tend ses trajectoires. Le son et l'ambiance en général se durcissent. Climat baston avec comme dans tout bon groupe de noise-rock qui se respecte, une rythmique forteresse imprenable et un bassiste offrant des lignes de basses qui vous rentrent dans le lard, tour à tour martelante ou plus mélodique. Il paye même sa tournée à Davis Wm. Sims sur I don't love my dog anymore.
Qu'importe, de la discipline, un cadre mieux défini mais une spontanéité et une énergie qui ne se dispersent pas, suffisant pour accoucher de dix brûlots, reprenant les choses là ou Young Widows les avaient laissées avec Old Wounds. Du tube Rainboat à Invocation, sa basse tout en finesse et sa mélodie de guitare à faire pleurer les plus endurcis, aux plus décapants et hargneux Mishaped Head et Strange Sleep ou Night cop qui brouille les pistes, le cokctail est bouillonnant. Et surtout, le chant du guitariste Brian Lake possède ce grain épais dans le fond de la gorge, une voix abrasive pour rendre encore plus amoureux de Melt Cry Sleep.
Buildings, ce n'est pas encore un monument, mais c'est une putain de belle bâtisse à fréquenter d'urgence.

SKX (30/01/2012)