arcing
corleone


Arcing
Doubt - LP
Corleone 2012

La première fois que le nom de Arcing est parvenu jusqu'ici, c'était à l'occasion du single de Whore Paints. Les deux groupes ont un membre en commun et c'est une fille, Hilary Jones. Elle a troqué sa guitare contre une basse et s'est associé pour le meilleur du meilleur avec Art Middleton (guitare) et Gus Martin (batterie). Ces deux derniers se connaissent très bien puisqu'ils ont officié dans Tiny Hawks, duo avec quelques disques à leur actif sur Corleone records. Un couple d'inséparables qui ont décidé de splitter pour mieux continuer ensemble sous le nom de Arcing en mode triplette infernale.
On peut même avancer qu'ils ont repris les armes là où Tiny Hawks les avait abandonnées mais en les magnifiant, en ajoutant de l'épaisseur au propos. Arcing n'est pas qu'un power trio noise-rock fulminant, tout comme Tiny Hawks n'était pas un duo de base. Il y a du cœur, à l'instar d'un autre duo, 1994! qui n'hésitait pas à glisser de la passion et des bouts de mélodies dans leur furie. Avec Arcing, ça passe la vitesse supérieure. Et ce qui vous baffe de suite, c'est l'imposante chape de plomb rythmique, la gravité des sonorités vous clouant au sol. On a beau entendre les flèches décochées par la guitare, le basse-batterie est d'une majestuosité guerrière, un carnassier lourd, ténébreux et agile. Comme la guitare taquine également régulièrement les graves et que la voix de celui qui en tient le manche n'est pas du genre fluette, l'impression de masse est prégnante sur vos frêles épaules qui en ont pourtant supporté d'autres.
C'est donc du massif mais largement rendu comestible par un sens de la composition enlevée, alerte, taillant des brèches lumineuses dans la roche noire. Des Life full of fuck it mené par un batteur déchaîné, tout comme TV Internet qui ne serait pas loin d'un Hella en mode Milkmine. Mais il y aurait aussi du Karp, du Godheadsilo traversé par l'esprit de Of Cabbages and Kings et un guitariste économique mais regorgeant de motifs qui font mouche tout au long de douze titres (avec tout de même quatre interludes) dont un Purple Tanks final de toute beauté et un titre résumant bien toute la philosophie de ce premier album.
Un Doubt tiré à 200 misérables exemplaires avec une pochette (moche au demeurant) dont le verso est absent aux trois-quarts. Dans le jargon, on appelle ça dust sleeve. Chez le commun des mortels, une pochette de pauvres. Alors achetez en des tonnes, qu'ils le repressent à l'infini, ce disque le mérite amplement.

SKX (12/09/2012)