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Adolina
Caldeira - LP
A Tant Rêver Du Roi/Uproar For Veneration/Whosbrain/Studio Claquedent
2012
J'ai d'abord
cru que le groupe s'appelait Caldeira, avant de m'apercevoir que je tenais
le disque à l'envers. Faut dire que Adolina ou Caldeira, à
part rimer, c'est pas très parlant pour un nom de groupe. Vous
rajoutez un recto-verso interchangeable d'une pochette par Nino Kühnis
qui pique les yeux avec ces losanges Lacoste, et la confusion guettait,
même chez l'esprit habitué au pire. Devant l'inconnu et le
goût douteux, la méfiance était donc de mise.
Dès Ante Lapidem, morceau introductif, elle est balayée.
Le sourcil se lève, le rythme claque, on se recueille presque devant
un titre n'ayant rien d'imposant ou de véhément mais captant
toute votre attention avec une simplicité désarmante. Le
deuxième titre, A Year of Mondays, augmente l'intérêt
d'un cran. Le canevas reste identique sauf que c'est encore plus sourdement
puissant. Adolina, c'est du Belge, ça n'a l'air de rien entendu
comme ça mais c'est étonnamment prenant. Comme une version
réactualisée de l'emocore des années 90, plus tendu,
plus aigre. Riffs de deux guitares au jeu basé sur la répétition.
Changement minimal d'accords, créant une mélodie ascétique
mais évidente. Une tension sous-jacente, de la répétition
encore, rien de superflu, des explosions sous contrôle, une couche
de remise dans l'intensité au plus près de l'os, des chants
à plusieurs, des churs féminins pour rendre ça
encore plus aérien et insaisissable, des samples pour palier quand
le personnel devient aphone, de la répétition encore, le
simili refrain qui éclate brièvement, la fièvre qui
monte, la méfiance est désormais bien loin.
J'avoue être passé une ou deux fois à coté
pour peu qu'on soit distrait. La frontière est parfois ténue
entre l'ordinaire et le super. Des morceaux qui se ressemblent (excepté
le dernier, Contrôler et Sévir, avec son chant vindicatif
en français et finissant sur un long bruitage de circulation lointaine),
des morceaux qu'on aimerait parfois encore plus claquants, un son plus
bouillonnant et percutant mais c'est cette retenue qui fait la beauté
de la musique d'Adolina, cette nervosité sur le fil du rasoir qui
ne choisit pas son camp, toujours en équilibre précaire,
entre incision et subtilité, tout en économie de gestes
et en gravité. Des motifs parfaitement structurés comme
des losanges, précis, rigides, opaques mais finement distordus,
s'imbriquant, se décalant dans une guirlande ondulante et entraînante,
identiques de loin mais tous uniques au final. Caldeira est le
deuxième album d'Adolina et c'est une belle découverte.
SKX (23/04/2012)
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