accordioncrimes
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Accordion Crimes
Songs to Drive Wives Away - LP
Cash Cow 2011

Le trio de Denver, Accordion Crimes, donne suite à l'excellent split single avec Lion Sized, chétif bout de vinyle sur lequel le fulgurant morceau Academy nous avait ouvert l'appétit. Le premier bon point de cet album, c'est la non-présence de Academy, ce qui fait gagner un maximum de points sur l'échelle du snobisme et de la frime entre gens de bon goût. Le deuxième bon point, c'est tout le reste. Songs to Drive Wives Away, un album à mettre entre toutes les oreilles, celles des épouses comprises, aucune raison qu'elles ne morflent pas non plus et amenez les gosses aussi, ça les calmera. De toute façon, la punition ne dure pas longtemps. Sept titres, à peine vingt-cinq minutes. Accordion Crimes est concis, manie le noise-rock avec naturel et décontraction, en prenant bien soin de ne pas tout devoir aux groupes du genre en provenance de Chicago, bien qu'ils s'amusent à reprendre le Song of the Minerals de Shellac (morceau qui ne figure pas sur l'album) et mettre la batterie à l'avant.
Accordion Crimes doit également beaucoup à un noise-rock où le bruit n'est pas uniquement tourné vers l'angulosité et les rythmiques matraqueuses, faisant preuve d'humanité et de chaleur. A tel point que sur Songs to Drive Wives Away, on leur découvre une autre facette, c'est-à-dire les trois titres de la face B. Deux morceaux de près de six minutes chacun lorgnant vers Rodan et June of 44, vers des territoires plus posés et mélodiques. Forecast se joue avec les deux violoncelles de Anna Mascorella et Martina Grbac. Bien que la suite emprunte des chemins heurtés et virulents, l'ambiance générale trahit une volonté d'apaiser les débats, sentiment procuré par le morceau suivant, Super Soft Knife et le dernier, Speaker, presque nonchalant bien que ça se tende sur la fin. Ces variations leur apportent également un maximum de points sur l'échelle du bon goût et de la sympathie envers les groupes misant sur un brin d'humanité dans un monde noise brutal et sans concession. Un premier album sans clinquant, plein d'humilité et terriblement attachant.

SKX (31/01/2012)