A Snake Of June
s/t CDEP
Some Produkt/Day Off 2011

Les plus cinéphiles d'entre vous auront tout de suite noté que A snake of june est le titre d'un film du réalisateur japonais Shinya Tsukamoto. Je suis autant cinéphile qu'un curé de campagne est cénobite mais les moteurs de recherche n'ont plus de secret pour moi et donnent un air supérieur (comme la mère). L'intelligence semble donc guider cette chronique et ça tombe bien parce que A Snake Of June a le raffinement des groupes sans guitare mais avec deux basses et un chanteur qui ne connaît pas le miel. En plus, ils sont de Bergerac et possèdent un humour remarquable allant jusqu'à nommer un morceau Clint is wood. Si ça, c'est pas une preuve de bon goût.
Ce jeune groupe sort donc son premier disque, un digipack au carton aussi épais que leur musique. Quatre titres ne brassant pas que du vent mais un hardcore-noise pénétrant comme une tempête d'enclumes (image saisissante s'il en est), lourd comme seules deux basses montées comme des mammouths peuvent l'être et actionnées dans un profond désir de vengeance. Mais alors que vous croyez être enterrés vivant, A Snake Of June présente un réflexe de survie et, entre deux gros coups de basses distordues, n'oublie pas de sortir quelques lignes plus poignantes et mélodiques (le début de Eons par exemple, sur fond de samples), d'éclairer des compos plus puissantes que véritablement malsaines. Mais ça reste quand même une musique d'homme, notamment avec ce chant caverneux et beuglé dont il doit exister plus admirateur que ma pauvre personne hyper sensible. Et puis il y a ce troisième titre, Cougar. Douze minutes rugissantes de lourdeur impénétrable et aux coups de griffes calculés dans les parages d'un Neurosis. Sauf sur la fin, où on compte environ deux, trois minutes de trop n'en finissant pas de se languir. Avec le fameux Clint is wood en fin de piste et dont la meilleure idée résidait finalement dans le titre, ça nous fait un début un peu maigre (deux titres qui tiennent la route en fait) mais on se gardera de jugement trop hâtif.

SKX (24/01/2012)