Pour sortir ce disque, six labels à la barre. Non pas pour se partager vulgairement, comme tant d'autres losers, les frais mais parce que chacun de ces six labels voulaient absolument en être, la fierté de dire qu'ils avaient un jour, dans leur misérable vie, participé au premier disque de ce prodigieux groupe. Moi j'dis, quand tu as dit ça, tu as tout dit.
Bon, on va développer quand même. Ce groupe qui attise toutes les convoitises est un duo basse-batterie de Bologne. Deux mecs apparemment très connus dans l'underground italien, ayant participé à trois tonnes de groupes. Après avoir consulté la liste (qu'on vous épargne), aucun de ces noms n'évoquent le moindre pet de souvenir. Ou si peu. Bref, passons. La raison de cet engouement serait surtout à mettre sur le dos de prestations scéniques qui ont fait avaler de travers les pâtes de tous nos amis italiens. Dithyrambique semble avoir été un mot spécialement inventé pour Zeus! Avec un tel patronyme, il ne pouvait en être autrement. De là à le mettre au panthéon des groupes absolument incontournables de ces dernières années, il y a un pas qu'on ne franchira pas... tout en suivant le mouvement !
Luca Cavina (basse) et Paolo Mongardi (batterie) ne se ménagent pas. Ce duo est à l'image de cette pochette. Dérangeant et franchement dégueulasse. Tape sur tout ce qui bouge avec un grand sens de la mise en scène. C'est loin d'être le duo de base. Des samples, des triturations sonores, une voix comme instrument à part entière, se déclinant uniquement en cris et déchirements continuellement trafiqués. On croit même entendre des bouts de synthés déchiquetés, des saturations fréquentes et tout un tas de dérèglements fourmillant dans les interstices d'un duo basse-batterie qui ne se contente pas du premier rôle.
Zeus! est donc capable de passer d'un rôle purement technique, de montrer tout leur talent en la matière et asséner un passage brutal, tachycardique. De privilégier des ambiances poisseuses et flirter avec le grind. D'associer les tchèques de Sabot aux clowneries de Phantomsmasher et Naked City. Aussi à l'aise dans les morceaux courts que le long format, montrer le groove qui vibre en eux, mélanger des atmosphères funestes et un poil kitsch digne de films de Dario Argento et un pur solo de guitare metal sur Golden Metal Shower, composition finale finissant dans un fantastique mouvement répétitif et hypnotique.
Zeus! assure le show sans jamais donner l'impression d'en foutre partout et de se prendre au sérieux. Grand-guignol et sérieusement perturbé. Frontalement énorme, sans concession et échappant à tout contrôle. A l'arrivée, une bien belle tranche de vie.

SKX (16/03/2011)
Version vinyle sur All'Arrembaggio Dischi