Tirer son nom d'une phrase d'un bouquin de Lester Bangs tout en venant du Texas, l'autre pays des tarés, pourrait prévaloir une image de groupe d'illuminés à ce quatuor d'Austin, pratiquant la sauvagerie rock à l'état brut avec les dents et des lumières rouges dans les yeux. Pour les frissons, il faudra repasser. We'll Go Machete ne découpe pas le rock en fines lames sanglantes, ne le hache pas par paquet de douze. Il le respecte, le polit, l'embellit, le cisèle tel un artisan amoureux de son travail. Du classicisme grand cru empruntant à l'école Dischord (on fait un prix de gros), à Drive Like Jehu et aux légendairement méconnus canadiens de The Plan. Et aussi une couche de Jawbox. Ca, c'est pour le coté trop propre sur eux qui affleure de temps à autre, le manque de folie qui va sans doute agacer sur la longueur. Mais faut pas être bégueule non plus. La qualité est là. We'll Go Machete sait sculpter ses accroches, magnifier par de sublimes parties de guitares mordantes et un chant à l'urgence constante. Pour la rythmique, ne pas chercher les complications, pousser, accompagner simplement mais avec conviction, demander à un trotskiste de marcher sur la ville, placer quelques banderilles en forme de morceaux incontournables et faire peur aux gros porcs de capitalistes. Il en faudrait plus que ça pour foutre le feu mais Strong Drunks Hands est suffisamment remuant et étincelant pour tenir chaud un bon moment.

SKX (11/10/2011)