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Vitas Guerulaïtis
Perce Oreille - CD
Cheap Satanism/Tandori 2011

Vitas Guerulaïtis était un joueur connu pour son anti-conformisme dans le monde sclérosé du tennis et sa luxuriante chevelure blonde totalement typée années 70. Désormais, Vitas Gerulaïtis est un trio de français exilé à Bruxelles qui va tenter de se faire connaître pour son excentricité musicale et la luxuriance de son jeu.
Un groupe qui n'est pas du genre à attendre au fond du court la faute de l'adversaire, renvoyant tel un mur et méthodiquement, façon Bjorn Borg (contre qui Guerulaïtis avait toujours perdu, c'est moche) mais un groupe porté sur l'attaque qui peut être noise et véhémente, des montées au et sans filet incessantes, des volées expérimentales et pittoresques sur un air d'opéra, des coups entre les jambes inattendus à rendre tout pâle Yannick Noah, des cassures de rythmes sauvages, des frappes sèches du batteur David Costenaro, voir bondir aux quatre coins du court et des gradins devant un public médusé par autant de dissidence. Vitas Guerulaïtis braille des envies d'ailleurs, de prendre la tangente sur des chemins détournés et se permet tous les coups. Insaisissable.
Un revers qui va chercher du coté de L'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp ou The Ex, un coup droit en plein dans la face du Singe Blanc et son sens du burlesque, des amorties pleines de finesse et de poésie funambulesque, une mise en scène théâtrale inspirée de matchs passés au sein de Miss Goulash dont on retrouve un ancien joueur, Ismaël Colombani, à la guitare principalement. Et puis un bon gros smash dans le pot des pisse-vinaigre qui vont avoir du mal à se dérider les muscles sur cette débauche sonore qui part dans toutes les trajectoires. Ce qu'on peut comprendre. Mais franchement, une fois les premières balles servies, le jeu proposé est assez irrésistible.
La spécialité de Vitas Guerulaïtis est le changement de tactique en plein milieu d'une partie comme sur Panda Géant, patchwork gigantesque où il y a moyen de tailler plusieurs sets complètement différents, avec des points plus disputés que d'autres et réellement poignants, notamment ce passage au milieu emprunt d'une gravité surprenante.
Autre élément incontournable de leur tactique de déstabilisation, le chant. Les chants, entre Colombani et Célia Jankowski. Il ne faut pas chercher à comprendre mais se laisser porter par des onomatopées, râles, stridulations, complaintes, ces voix déformées et incongrues qui peuvent devenir très belles, des incohérences dans le jeu appuyées par l'utilisation de samples, tous ces effets de manche qui auraient rapidement pu devenir pénibles mais se révèlent bizarrement un atout supplémentaire. Ou l'art du self-control pour ne pas trop en faire là où on sent poindre un bouillonnement interne impérieux pour faire encore plus mal à l'adversaire. Lob évité de justesse.
Les balles fusent donc de tous cotés. On s'en prend plein la tronche mais toujours avec humour et cet aspect décalé. Un rock totalement free et débridé de toutes contraintes de la terre battue et rabattue, imposant un album à forte personnalité, connaissant quelques temps morts et des passes d'armes moins maîtrisées mais à l'esprit de combativité exemplaire.
Vitas Guerulaïtis, c'est l'anti Ivan Lendl le terrible et un premier match plein de vie remporté haut la main.

SKX (27/09/2011)