ultraphallus
riotseason

Ultraphallus
Sowberry Hagan - CD
Riot Season 2011

Ultraphallus, un nom qui fait de moins en moins rire. Troisième acte d'un cauchemar dont le noir semble sans fond. Les Melvins sont définitivement enterrés même si subsiste encore quelques bouts de chair qui bougent encore. Des morceaux où la rythmique envoie du lourd, où la guitare est grasse et déborde et le chant anormalement haut et démoniaque. Mais ça, c'est l'Ultraphallus d'avant. Avant le déluge. Ultraminoritaire.
Leur univers se décline désormais à la première personne. Ultrapoisseux. Le groupe originaire de Liège fait sauter le bouchon de compositions jadis formatées et pénètrent de plein fouet dans un monde bruitiste, dérangé, privilégiant les ambiances délétères, les atmosphères glauques. Les meilleurs moments sont ceux où le rythme disparaît, tourne à l'état de crapaud asthmatique, devient un gong lent amenant à l'échafaud. Quand les nappes bruitistes, les grésillements prennent possession de la raison comme sur le flippant morceau d'introduction Pathological Freemind Verse. Ultraphallus a construit un souterrain ultramaléfique avec des samples qui ne sont pas un vain remplissage mais participe pleinement à l'entreprise de démolition. Accordage de guitare ultrabas, succubes sonores crissant dans les interstices, onirisme ultrasombre qui s'en échappe, chant possédé, Ultraphallus se rapproche de leurs camarades de label (anglais) Hey Colossus, freaks sonore qui font dans l'ultramammouth. Et font également dans l'inconscient, se permettant tout et surtout l'imprévisible avec ce petit air de banjo et ces gazouillis en guise d'intermède (The Crumbled). On retrouve également le saxophone qui nous avait tant séduit sur le titre Clever Worm de l'album précédent. Mais l'apothéose, ce sont quand même les huit minutes de The Red Print avec Eugene Robinson (Oxbow) qui aime se pointer dès que le mot phallus est de sortie. Descente trouble d'un Dennis Hopper se shootant à l'oxygène, velours bleu cheminant dans des intestins infestés de rats, gargarismes souterrains, sonar lointain. Et au-dessus, plane Eugene, irréel, dégagé des turpitudes terrestres. Morceau visionnaire, parachevé par le fantasmagorique Torches Of Freedom.
Ce qui aurait rapidement pu partir en couille et devenir rébarbatif se transforme en un album méchamment évocateur. Ultraphallus s'est construit un monde sonore ultime, a largué les amarres et flotte dans une mare terrifiante que peu de mortels avaient jusque là atteinte. Ultrabon.

SKX (23/03/2011)