Troisième album de TV Ghost qui, l'âge aidant, a une sérieuse tendance à calmer ses ardeurs. Le genre de phrase assassine souvent synonyme de descente aux enfers pour l'intérêt musical qu'on peut porter à un groupe. Bizarrement pour TV Ghost, c'est tout le contraire. TV Ghost s'améliore tout en rendant une copie de plus en plus propre et audible. Certes, pas audible au point de passer chez Drucker le dimanche après-midi. Audible dans le sens où les compositions se sont aérées, de l'espace entre chaque instrument s'est crée, le synthé se fait clairement entendre et n'est plus systématiquement joué avec les deux poings. La frénésie, le bouillonnement, l'attitude droit dans le mur, les saturations raz de marée perdent du terrain. Le groupe s'est resserré en trio. Brahne Hoeft s'occupe du synthé en plus de son habituelle batterie. Tim Gick, le chanteur hululant, s'écharde sur toutes les parties de guitare et le bassiste Shawn Beckering fait uniquement le bassiste. Le trio de Lafayette (Indiana) ne se cache plus derrière un mur de bruit et de lacérations auditives, rallonge toutes ces compositions, au même nombre qu'avant mais pour un album deux fois plus long. L'écriture se peaufine, les thèmes se développent et arrêtent de se fracasser contre un mur de nihilisme. Mais si TV Ghost garde tout son piment, c'est parce que le venin reste présent. A partir d'influences qui n'ont pas bougé, à partir du Nick The Stripper de Birthday Party, des Cramps, de voodoo, de surf, d'incantations de rock noir, le trio a su magnifier ses morceaux, évolue vers un post-punk incisif, rendant encore plus percutant et éloquent son propos et sa soif de ténèbres. On sait bien qu'il ne faut pas toujours gueuler le plus fort pour se faire entendre. TV Ghost vient de le comprendre et signe son album le plus probant.

SKX (01/07/2011)