trunks
lesdisquesdeplomb


Trunks
On The Roof - LP
Les Disques de Plomb/Are You Trunked/Il Monstro 2011

J'aime quand la pochette reflète parfaitement les sensations que la musique procure. Elle vous éblouit, elle agresse, elle vous chauffe la couenne, elle vous fait croire à des mirages que vous n'entendez pas, elle cache bien des mystères qui ne s'expliquent pas, qui ne doivent d'ailleurs pas se dévoiler, un envers du décor qui est rarement ce que l'imagination croyait tout en la sollicitant continuellement, un reflet qui se nourrit uniquement de ce que vous vous voulez bien lui donner à représenter.
Derrière cette lumière vive se dresse Trunks, groupe rennais qui se veut être également un collectif. Mais excepté Régis Gautier (Moller-Plesset) remplacé par Florian Marzano (We Only Said), le collectif ne s'ouvre pas et reste identique à l'album Useless en 2007. Un groupe qui n'est pas leur préoccupation principale, qui a appris à se connaître, à se sentir et qui file la parfaite osmose sur On The Roof. Le fruit de rencontres, se croiser, s'apprécier, l'habitude pour certains de jouer ensemble dans d'autres projets.
Mais Trunks ne se résume pas à l'addition d'univers musicaux variés. Un groupe à part entière. On peut donc citer la présence de Laetitia Shériff, Daniel Paboeuf, Régis Boulard et Stéphane Fromentin, tout oublier et se laisser emmener par cette musique unique. Se laisser balader au gré de leur humeur qui fait que chaque morceau possède sa propre petite musique interne, une illusion qui en chasse une autre. C'est tantôt âpre, tantôt habitée, c'est coulant sans le nœud pour vous étouffer, ça hachure, ça hypnotise comme le long final de Kniee, et bien que présentement, querelles et massacres sont notre pâture quotidienne, on a tôt fin d'oublier le pourquoi du comment.
La voix de Laetitia Sheriff vous rend prisonnier comme sur le majestueux Blue Dot ou mettre autant de gravité, de douceur, d'authenticité à la fois dans des cordes vocales, avec un court accès de rage, est une expérience sonore dont on ne peut humainement se lasser. Un mystère de plus. Les sonorités du saxophone vous enveloppent, apportent son lot de suavité, tout en mettant un peu de piment quand la mélancolie devient trop forte, se laisser balancer par le groove entêtant du génial Hardifscurry, passer du feutré à l'énervé sans lever le petit doigt, avec toujours cette grâce et cette facilité déconcertante.
J'en reviens toujours à ces maudits Bästard ou le Zëro de maintenant, à cette musicalité évidente, tout en décontraction apparente et à la tension sous-jacente et inversement, cette façon de construire et s'amuser avec les codes musicaux que ces grands praticiens connaissent par cœur, maîtrisent sur le bout de longues années d'expériences en tous genres mais avec ce supplément d'âme qui font à l'arrivée les grands albums.
On The Roof et bien au-delà.

SKX (06/10/2011)

CD sur le Son du Maquis alors que la version vinyle des Disques de Plomb est, comme à l'accoutumée avec ce label de la Drôme, irréprochable avec un très beau poster à l'intérieur, reprenant le non moins magnifique visuel de la pochette.