Maintenant que vous connaissez tout de la vie et des turpitudes de Thank God, que vous êtes incollables sur leur discographie, place au présent avec leur nouvel album Ice/Age et grand poster incluant paroles et artwork à l'intérieur.
Thank God confirme que son hardcore est déviant, qu'une fois tous les morceaux mis bout à bout, et non plus disséminés sur trente-six disques différents, ils forment un tout cohérent tout en présentant une grande variété d'approches. Ils oeuvrent aussi bien dans l'attaque frontale avec des cris d'eunuques en mal d'amour que dans les morceaux mid-tempo et intenses avec chant en mode parlé. L'instrumental est également régulièrement de mise, voir complètement décalé avec Sax on the beach consistant uniquement en un solo mal embouché de plusieurs couches de saxophones. Les salves courtes ne sont pas toujours hystériques et les morceaux plus longs peuvent avoir leur minute de folie. La fin d'une compo peut également n'avoir aucun rapport avec le début comme sur le titre d'ouverture Ice Age. Après un début bien virulent et sans tour de chauffe, Thank God se retire et laisse place à une fin sans parole et un brin tordue, comme si on avait complètement changé de morceau. Mais le plus important, c'est que jamais, oh grand jamais, l'impression d'une bouillie infâme domine. Leur hardcore est suffisamment aéré, truffé de mélodies, d'un sentiment rock et d'une tension continue pour que les titres s'enchaînent sans forcer. Jamais ils ne jouent la surenchère du complexe, ne cherchent à faire plus dingue que le voisin dans un mouvement hardcore pourtant pas avare de débauche, frôlant parfois le grand n'importe quoi ces dernières années. Ils savent être très direct dans le propos, privilégient le song-writing et la finesse sous leur dehors de sauvageons. Ice/Age s'inscrit dans la grande tradition de leur groupe précédent Guyana Punch Line, voir In/Humanity, un hardcore expérimental qui prouve qu'il reste encore des voies à explorer. Thank God est grand.

SKX (13/04/2011)