tapso


 Tapso II
s/t CD
Self-released 2010

Nouvelle halte en terres siciliennes. Une île plaque tournante du noise-rock européen. On ne compte plus les bons groupes dans le genre en provenance de ce bout du monde aride et explosif. Mais Tapso II ne rentre pas dans cette case. On sent qu'ils en ont bouffer du noise-rock, qu'ils apprécient les arabesques du math-rock, que leurs précédents (ou toujours actuels ?) projets, dont seul Theramin est parvenu jusqu'ici, s'abreuvent à cette source. Si on rajoute que Sacha Tilotta (batteur de Three Second Kiss et en passe de devenir l'Albini sicilien) a enregistré, dans des conditions live, les sept titres et que le débonnaire Bob Weston a masterisé le tout, on a une bonne idée des fondations.
Pourtant, c'est l'inévitable comparaison avec Dirty Three qui s'impose avant tout. De part la formation guitare/batterie/violon et certaines ambiances développées, Tapso II piétine des plates-bandes identiques, où le rock se fait âpre et dépouillé, s'enfonçant dans des territoires plus introspectifs, pour grand mélancolique mal léché. Ce qui est agréable avant tout, c'est la variété des climats. Le violon peut se faire crissant, mélodique, frappé, coulant, voir imiter l'orgue sur The Space Outside. Giovanni Fiderio utilise toute la palette de son instrument, tire sur toutes les cordes, à l'instar du duo canadien Hanged Up, autre similitude musicale. Tapso II repart avec des soubresauts noise-rock, mélange l'abstrait et le concret. La guitare se met au diapason du violon et inversement, les cordes se mêlent et se démêlent, le batteur tranche dans le vif ou se fait simple accompagnateur, appuie les accélérations, passe d'un rock dur et rythmique à des moments d'apesanteur, tout en gardant les pieds bien sur terre. Et contrairement à Dirty Three, le sicilien chante de sa belle voix éraillée et (parfois) trafiquée. Une voix qu'il sait également varier et dont le mode parlé et les non-dits musicaux, où le silence se fait pesant, va se loger du coté d'Enablers, notamment le dernier titre, le narratif et très beau History of Wave. Et l'histoire de cette vague a bien fait de quitter sa Sicile natale pour nous heurter sans crier gare. Qu'ils continuent de surfer sur cette personnalité et le futur album ne se fera à coup sûr pas en autoproduction totale.

SKX (19/01/2011)